Revue 2010 / Théâtre : Une année dans le chariot de Thespis
Scène

Revue 2010 / Théâtre : Une année dans le chariot de Thespis

Quand viennent les boules et les grelots, il est difficile de résister à la tentation de dresser un bilan de l’année qui vient de passer. Et le théâtre n’échappe pas à la tradition.

Les scènes régionales se sont activées, en 2010, comme rarement auparavant, proposant plus d’une vingtaine de productions locales et d’événements à caractère théâtral. Une année incontestablement riche… voguant entre les succès et les coups moins heureux.

QUELQUES APPLAUDISSEMENTS

L’incontournable phénomène (outre le fait d’avoir vu autant de productions professionnelles locales) de l’année demeure l’effarant succès des Clowns noirs du Faux Coffre. Pour souligner son cinquième anniversaire, ce noir quintette – qui avait annoncé son retrait de la vie publique en 2009! – a donné non pas un, mais bien quatre solos à guichets fermés: Les lectures de Diogène, Trac: ma vie en théâtrascope, Le conte bancaire de Piédestal et Pendant ce temps dans la tête de Grossomodo.

Pourtant, l’événement de 2010 serait, à mon avis, l’obtention d’une chaire de recherche en théâtre à l’UQAC. Aussi anodin que cela puisse paraître, cet outil (tout universitaire soit-il) apportera nécessairement une nouvelle dimension à la pratique saguenéenne… ne serait-ce que par les moyens mis en place et les nouveaux réseaux de contacts extra-régionaux qu’il suscitera. Une ouverture sur le monde…

Par ailleurs, une nouvelle vague d’artisans semblent vouloir s’inscrire durablement dans le paysage, dont Maude Cournoyer, Vicky Côté, Marilyne Renaud et Émilie Gilbert-Gagnon. Un milieu qui se renouvelle lentement mais sûrement. À ce titre, 2010 a aussi marqué le retour en scène de Lucille Perron, qui allie un souffle et une voix théâtrale comme il ne s’en fait plus.

ET DES HUEES

Bien entendu, rien n’est jamais parfait et 2010 en a aussi fourni quelques preuves de taille.

Au chapitre des coups de gueule, difficile de passer à côté (même s’il sort du volet strictement théâtral) du cloaque municipal qu’est devenue l’immense fresque en trois chapitres interreliés que sont la mise en faillite du Théâtre du Saguenay, la douloureuse saga de la salle de spectacle et la reconnaissance in extremis de Diffusion Saguenay. Rien de bien réjouissant pour contrer un malaise sans cesse grandissant dans un milieu déjà précaire.

La situation des Têtes heureuses, l’une des importantes compagnies théâtrales de la région, s’avère aussi préoccupante. L’année qui s’achève aura été celle de l’annonce du retrait (justifiable ou non) du CALQ pour son fonctionnement. Un coup dur à encaisser qui pourra avoir de sérieuses répercussions dans un proche avenir.

Le dernier irritant du lot: Les aventures d’un Flo peinent toujours, après trois ans, à prendre leur envol et se sont soldées, à la fin de l’été, par un nouveau déficit qui aurait déjà condamné n’importe quel autre organisme culturel. Un produit trop artistique? Le règne des grands spectacles est peut-être juste révolu.

Quelques jours de vacances pour tout ce beau milieu sont les bienvenus… car l’année qui vient s’annonce tout aussi chargée!