Louis Robitaille : Énergie vitale
Le directeur artistique de BJM Danse Montréal, Louis Robitaille, a choisi trois étoiles montantes de la chorégraphie européenne pour le nouveau programme d’une compagnie passée maître dans l’art de séduire.
Depuis le virage amorcé avec la résidence de Crystal Pite, Les Ballets Jazz de Montréal se sont débarrassés d’une image poussiéreuse pour devenir BJM Danse Montréal. Une compagnie qui mise sur une danse actuelle pétrie de technique classique et débordante d’une énergie vitale capable de rallier le public le plus large. Aussi, une compagnie qui construit son répertoire sur le talent et la personnalité de chacun de ses 14 danseurs.
Ainsi, neuf d’entre eux ont été recrutés dans le courant des deux dernières années pour remplacer des profils bien particuliers. Et les chorégraphes, comment sont-ils choisis? "Toujours sur des coups de coeur!" répond Louis Robitaille, directeur artistique de BJM depuis 1998. "J’essaye toujours de créer un effet de surprise en amenant la compagnie sur des terrains où on ne l’attend pas forcément et de favoriser des projets qui vont motiver et nourrir les artistes-interprètes. J’aime bien le langage d’Annabelle López Ochoa, sa fraîcheur, son humour, et aussi, sa proposition de travailler avec des projections amenait quelque chose de nouveau pour nous."
Belgo-Colombienne actuellement basée à Amsterdam, la chorégraphe recrée un univers de jeux vidéo dans Zip Zap Zoom pour traiter des effets de la présence d’ordinateurs dans notre quotidien. Les styles de danse et de musique sont très hétéroclites (hip-hop, danse de salon, cabaret; Juliette Gréco, Thomas Hellman, MC Solaar…), l’ensemble est explosif. La pièce dure 30 minutes et ferme la soirée.
L’autre gros morceau, Rossini Cards, nous est servi en entrée. Il s’agit d’une création de 2004 que l’Italien Mauro Bigonzetti (dont on adore Cantata, dansé par les Grands Ballets) a adaptée aux danseurs de BJM. Une série de tableaux tout en atmosphères "romantiques, sensuelles, loufoques…" pour rendre hommage à la musique de ce maître de l’opéra italien. "On venait de terminer la résidence d’Aszure Barton quand j’ai choisi cette pièce, commente Robitaille, j’avais envie d’aller dans quelque chose d’un peu plus poétique qui donnerait plus de temps pour exploiter la personnalité des danseurs. Mauro utilise le groupe en ouverture et en fermeture, mais entre les deux, c’est une série de solos, duos et trios. Ce ballet étant moins exubérant que ce que présente habituellement BJM, je craignais que les gens n’apprécient pas, mais la réaction du public partout où nous l’avons présenté m’a convaincu qu’il colle à la compagnie."
Juste après l’entracte, le trou normand est un très court duo chorégraphié par l’Espagnol Cayetano Soto sur une musique de Philip Glass. Intitulé Zero in on, il est interprété par la Française Céline Cassone (aussi assistante à la direction artistique) et par le Cubain Alfredo Garcia Gonzalez. "C’est un préambule à notre prochaine création, qui se fera en mai", confie Robitaille, qualifiant Soto de créateur très éclectique à placer dans la mouvance des Pite et des Barton. Un retour attendu, une occasion de découvrir des esthétiques.