Zogma / Pierre Lebeau : Si Miron voulait danser
Musique

Zogma / Pierre Lebeau : Si Miron voulait danser

La troupe de danse Zogma pose le pied en région, le temps de nous offrir Rapaillé, un spectacle rythmé par la poésie de Gaston Miron et habillé par la voix unique du comédien Pierre Lebeau.

La poésie de Gaston Miron a profondément marqué la culture québécoise. Sans doute un des poètes les plus lus de toute la francophonie, il a été un véritable ambassadeur et ardent défenseur de notre langue. Sa poésie, engagée, est à la fois la plus passionnée et la plus révoltée de son époque.

"C’est d’abord pour représenter le Québec aux Jeux de la Francophonie en 2005 que nous avons abordé les écrits de Gaston Miron", dit Mario Boucher, directeur artistique de Zogma. "Puis, comme notre travail de création repose sur un amalgame de folklore et de danse contemporaine, Miron est demeuré. Tant pour son ancrage dans notre culture que pour l’intemporalité de son propos."

Avec six danseurs et deux musiciens sur scène, le spectacle livre une performance qui marie habilement la gigue à des mouvements contemporains très expressifs. Une ambiance riche, étoffée par la voix grave du comédien Pierre Lebeau nous faisant la lecture d’extraits choisis de L’homme rapaillé. "Nous avons choisi des passages qui viennent parfois illustrer ou soutenir le propos des danseurs, mais la symbiose va beaucoup plus loin, avec les musiciens présents sur la scène et la cadence naturelle qu’impose la poésie de Miron."

Si la poésie de Miron est lue encore aujourd’hui, c’est qu’elle est vivement enracinée dans le langage universel de l’être. Ses mots ont tant touché qu’ils sont devenus patrimoine. C’est ce qui permet à Zogma de parier sur l’accessibilité de son spectacle. "À une certaine époque, la danse nous a apporté des créations hermétiques. Je me suis dit qu’il fallait réussir à faire une oeuvre qui permet au spectateur de s’identifier et qui donne envie d’aller plus loin. On aime ça comprendre ce qu’on va voir. Quand il n’y a pas de repères, on perd l’intérêt. Avec Rapaillé, on essaie de faire un spectacle qui ouvre des portes, sans tomber dans la facilité du divertissement. Si en sortant de voir le spectacle les gens ont envie d’aller se procurer un exemplaire de L’homme rapaillé, nous aurons réussi à piquer la curiosité. Si la lecture du livre leur évoque des images du spectacle, nous aurons réussi à marquer l’imaginaire."

Et s’il suffisait, pour apprécier un spectacle de danse, de s’asseoir sur un siège et d’ouvrir ses sens? Se détendre, se laisser empreindre par l’ambiance et le rythme, par les images mouvantes qui s’offrent à nos yeux, laisser la musique et la poésie faire leur chemin jusqu’à notre imaginaire. Tentant, non? "Dans notre culture, nous avons beaucoup de difficulté à nous laisser aller. On cherche toujours à intellectualiser, à comprendre, à analyser. On cherche le message derrière la création. C’est souvent beaucoup plus simple qu’on pense! Par exemple, quand on a demandé à Gaston Miron la symbolique derrière La marche à l’amour, il a répondu: "Ma femme m’a quitté, pis j’aimerais ça qu’elle revienne.""

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