Georges Feydeau : Feu la mère de Madame et Un bain de ménage
Scène

Georges Feydeau : Feu la mère de Madame et Un bain de ménage

Les portes claquent, les cris fusent et les quiproquos s’accumulent. Les personnages hurlent les typiques "Ma femme!" et autres "Mon mari!". Il n’y a pas de doute: nous sommes bien chez Georges Feydeau.

Pièce de résistance de la programmation hivernale du Théâtre de l’Île, le diptyque composé des courtes oeuvres Feu la mère de Madame et Un bain de ménage s’inscrit dans la plus pure tradition du vaudeville. Encadrée par une mise en scène plutôt convenue signée Kira Ehlers, la troupe propose deux courts épisodes à la construction narrative rudimentaire où s’entrecroisent adultère et séduction.

Si, en seconde partie, le duo formé par les personnages d’Adélaïde (Geneviève Couture) et de Cocarel (Richard Léger) séduit par son sens de la répartie, le rythme défaillant de la distribution inégale agace parfois. Limités par un manque de nuance et un excès de maniérisme, les acteurs peinent à rendre le caractère multidimensionnel de leurs personnages. Par le fait même, il s’avère ardu de sympathiser avec les protagonistes qui vivent, sous les yeux des spectateurs, une multitude de situations embarrassantes.

La scénographie de Brian Smith, élaborée au sein d’un espace délimité par trois murs couverts de luxueux motifs, témoigne, de par son classicisme, d’une certaine recherche historique. La même constance ne se reflète pas dans les costumes de Geneviève Couture, lesquels ternissent, à travers quelques éléments inutilement extravagants, l’unicité de l’ensemble.

Malgré ses imperfections, le programme double issu du répertoire du populaire dramaturge transmet l’indéniable jovialité d’une équipe visiblement comblée par la fantaisie des textes qu’elle récite. Illustration caricaturale d’une haute société française en pleine effervescence, le vaudeville, tel que le propose le Théâtre de l’Île, trouve son intérêt dans la folle naïveté de l’époque bouillonnante qu’il embellit.

Chez Feydeau, les péripéties burlesques de l’aristocratie se soldent quasi indubitablement par une finale heureuse où les personnages jettent un regard amusé sur l’absurdité des situations dans lesquelles ils se sont plongés sans retenue. Un rendez-vous dénué de prétention où l’on se moque en toute légèreté des travers humains, n’est-ce pas là l’essence du vaudeville?

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