Anne-Marie White / Laboratoire Gestes : Le langage des gestes
Scène

Anne-Marie White / Laboratoire Gestes : Le langage des gestes

Pour Laboratoire Gestes, son baptême de l’atelier théâtral, la dramaturge et directrice du Anne-Marie White s’intéresse aux mécanismes viscéraux de la création.

Né des cendres des Laboratoires de mise en scène du Théâtre du Trillium, instigués en 1999 par Sylvie Dufour, à l’époque directrice de l’institution, l’inaugural Laboratoire Gestes d’Anne-Marie White s’inspire de la même prémisse pionnière, transposée cette fois-ci dans un contexte plus global de création. Cela dans le but premier d’offrir à la création, avec ses mirifiques voix multiples, l’un de ses tout premiers rôles au théâtre. "D’où vient la création? Elle est complexe et mystérieuse. Et dans le laboratoire, mon rôle, c’est celui d’encadrer et de suivre ces différents artistes, de saisir la source de leurs créations", explique la dramaturge, qui fit l’octroi de trois cartes blanches aux artistes-expérimentateurs sélectionnés, qui disposent de 7 jours consécutifs, à raison de 15 heures par jour, pour pondre une proposition artistique de 20 à 30 minutes. Soit le "geste".

Trois assignations, trois "gestes" complètement différents, donc. La chorégraphe et amie de White Mylène Roy (qu’on a vue récemment au Trillium dans l’atelier de danga Yoga-Rave) proposera un soliloque dont la signification très personnelle ne se révèle que petit à petit, à force de questionnements lancés par White. "Ce n’est qu’hier, en plein processus, que Mylène a compris que son geste était, en fait, un hommage à quelqu’un qu’elle a perdu récemment. Cette prise de conscience lui a permis d’aborder son geste avec un tout autre sens", affirme White, en poursuivant sur les deux autres gestes de ce laboratoire. Pierre Antoine Lafon Simard (qu’on a vu dans Écume, l’automne dernier) tentera une défense des mots de la slameuse Marjolaine Beauchamp (accompagnée des musiciens Olivier Fairfield et Pierre-Luc Clément), tandis que le jeune dramaturge Simon Lalande explorera pour la première fois, avec son solo La fille au cactus, les méandres de l’écriture dramaturgique. Et en anglais de surcroît. "Pour lui, ce sera un coming out de fiction", explique White, en ajoutant que le texte anglophone du créateur bénéficiera d’une traduction de l’auteur Michel Ouellette (Le testament du couturier). "Les spectateurs doivent s’attendre à voir des esquisses, des oeuvres en chantier", précise-t-elle avant de conclure: "Ce qui m’importe le plus pendant Gestes, c’est que l’on ne triche pas. Que l’on soit authentique par rapport à ce qu’on va présenter au public. On ne prétend pas présenter une oeuvre entière, parce que le total n’existe pas."