Wayne McGregor : L'art et la science
Scène

Wayne McGregor : L’art et la science

Danse Danse nous donne à découvrir le Britannique Wayne McGregor avec une oeuvre cinq fois primée qui a déjà triomphé dans une quinzaine de pays. Créée en 2008, Entity s’intéresse aux mécanismes cérébraux en lien avec le mouvement.

En Europe et aux États-Unis, Wayne McGregor compte parmi les plus grosses têtes d’affiche. Au Québec, on ne l’a pas revu depuis qu’il a dansé en solo à Tangente, en 1994. Il était alors âgé de 24 ans et avait fondé Random Dance deux ans plus tôt. Auteur d’une vingtaine d’oeuvres dont plusieurs pour des compagnies telles que le Bolchoï et le Ballet de l’Opéra national de Paris, il est le premier chorégraphe sans formation classique en résidence au Royal Ballet de Londres. Et depuis 2001, sa compagnie est résidente au Sadler’s Wells, Mecque britannique de la création contemporaine.

De plus, le trentenaire est associé à l’Université de Cambridge pour étudier les relations cerveau-mouvement. Entity est la troisième oeuvre inspirée par ces recherches. "Mon travail avec les scientifiques se poursuit en parallèle avec mes créations et les influence en permanence", précise-t-il à l’occasion d’une courte entrevue téléphonique. "Avec Entity, je voulais explorer les notions d’intention et d’instinct et voir en quoi ces deux choses étaient différentes dans le cerveau, d’un point de vue cognitif et dans le corps. C’est donc une pièce en deux parties."

Musique à cordes et musique électronique distinguent les sections de ce diptyque où 10 danseurs évoluent dans une scénographie mobile. Constituée de trois grands écrans, elle offre une vision abstraite du corps humain. "Toute pièce renferme une pluralité de narration et chacun se sert de ses propres capacités cognitives pour créer du sens, affirme McGregor. Ici, on a voulu construire une sorte de nouvelle version du squelette, de la peau, quelque chose de plus technologique comme Léonard de Vinci aurait pu le faire. Comme un cadre dans lequel les danseurs peuvent être observés. Je me suis notamment intéressé au travail du photographe Muybridge qui a été le premier à arrêter le mouvement pour essayer de le comprendre."

Connu pour son exploitation des nouvelles technologies et l’utilisation d’animations 3D, le Britannique a réduit ici l’usage de la technologie (en l’occurrence, l’imagerie cérébrale) au processus chorégraphique. De fait, le matériel gestuel a été majoritairement créé dans le cadre d’expérimentations où les danseurs avaient des problèmes à résoudre. Le résultat est une gestuelle extrêmement détaillée et précise, à la fois fluide et saccadée, exécutée à grande vitesse.