Bruno Coppens / Ma terre happy! : On éclate ou on s’éclate?
Bruno Coppens, humoriste belge, fait rire depuis plus de 20 ans. C’est avec un plaisir intense qu’il vient chez nous se délester du poids de toutes ses angoisses, dans une "terre happy" qui risque de vous titiller plus que le subconscient.
Marielle Couture
L’Organisation mondiale de la santé annonçait dans son dernier rapport annuel que la dépression est désormais la maladie la plus répandue sur la planète. Constat désolant? Résultat de notre société de productivité? Ou serions-nous simplement tous mûrs pour une grande thérapie collective? "Ma terre happy!, vous aurez compris le jeu de mots, c’est une thérapie, dit Bruno Coppens. Je suis couché sur un divan, et je parle à un docteur qui est en fait dans la salle. Au fur et à mesure que le spectacle avance, les rôles s’inversent. Je deviens le docteur, et les psys de la salle deviennent progressivement des patients. On pousse le tout jusqu’au paroxysme que peut procurer une thérapie par le rire. Et puis, quand j’ai des soucis dans la journée et que j’ai l’occasion le soir d’être sur scène, ça me libère et je me sens mieux! Donc, il y a quelque chose de thérapeutique pour moi et, je l’espère, pour les gens qui viennent rigoler."
Bruno Coppens en pince pour notre province. Loin de chez nous la Belgique… mais les préoccupations au sujet de la protection de la langue et de la culture nous rapprochent drôlement. Son ton moqueur et son franc-parler laissent entrevoir une joute mentale où l’intelligence du spectateur est constamment sollicitée. "Je joue avec les mots et je me suis dit que si le gars n’est pas bien dans sa tête, les mots qui sortent de sa bouche sont inévitablement eux aussi bouleversés, peut-être même bouleversants. Cet amusement avec le vocabulaire me permet d’atteindre les Québécois, puisque vous êtes un peuple très préoccupé par la langue, par sa qualité et les possibilités infinies qu’elle propose."
Le spectacle puise dans tous les sujets de l’actualité, même les politiciens québécois. Conseillé par l’humoriste Pierre Légaré, Coppens a transformé les politiciens belges en Pauline Marois et autres magistrats bien connus chez nous. "Mais attention. Je ne prétends pas connaître assez vos politiciens pour rire de leurs défauts particuliers. Je ris plutôt du personnage type, qui est, en général, plutôt semblable partout à travers le monde. Et il y a des sujets universels dont on peut rire, comme Céline Dion par exemple."
Peut-on rire de tout? "Oui, dit Coppens. Mais il y a un phénomène qui s’appelle le marketing qui a beaucoup modifié le métier en 15 ans. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, tout humoriste a un DVD, un livre ou un film qui accompagne son spectacle, dont il doit faire la promotion pour que tout fonctionne. Du coup, comme ils souhaitent que leur matériel passe à la télé, plusieurs ont tendance à niveler leur discours pour être sûrs d’être politiquement corrects. Heureusement, ce n’est pas mon cas! Je me permets même parfois d’être assez virulent."
À voir si vous aimez /
Sol, Pierre Légaré