Emma Haché : Quête identitaire
Musique

Emma Haché : Quête identitaire

Avec Wolfe, la dramaturge Emma Haché signe une oeuvre singulière dont la prémisse historique sert de point d’ancrage à un fascinant questionnement sur le rapport à l’épreuve.

Plus de quatre décennies après la création du Parc national Kouchibouguac, au Nouveau-Brunswick, Parcs Canada songe aujourd’hui à "orner" les sentiers de la réserve de 238 km2 de panneaux d’interprétation commémorant le déplacement du millier d’individus ayant autrefois habité ce territoire majestueux.

Personnage de premier plan lors des hostilités ayant entouré la naissance de la réserve, en 1969, Jackie Vautour représente une figure mythique pour plusieurs Acadiens inspirés par son combat contre l’expropriation.

Stimulée par la richesse narrative de cet événement phare dans l’histoire de sa province, la dramaturge et metteure en scène Emma Haché a imaginé un conte fictif mettant en vedette le personnage d’Apolline (Caroline Sheehy) qui, en pleine quête d’identité, part à la recherche de Jackie Vautour (André Roy), une entreprise qui la conduira à la rencontre de l’énigmatique Wolfe (Kevin Doyle). "J’avais comme idée de départ d’intituler la pièce Jackie Vautour, mais le titre Wolfe m’a accordé plus de liberté dans l’élaboration de cette fiction inspirée d’une figure mythique toujours vivante", explique Emma Haché, dont Wolfe constitue la première mise en scène.

Au coeur des préoccupations de l’auteure se trouve le thème de l’identité collective qui, pour plusieurs Acadiens, s’avère indissociable de la rupture entre une communauté et sa terre nourricière. À ce sujet, Emma Haché avance: "La création du parc Kouchibouguac renvoie à une injustice flagrante, au déplacement de huit villages qui avaient élaboré leur propre tissu social. Pourtant, l’Acadie offre aujourd’hui un dynamisme culturel absolument emballant pour une population francophone minoritaire."

Au théâtre l’Escaouette, plaque tournante de la création théâtrale francophone au Nouveau-Brunswick, Wolfe devrait obtenir une résonance particulière, plusieurs spectateurs ayant eux-mêmes vécu l’expropriation. Pimpante, Emma Haché s’avoue d’ailleurs curieuse de comparer les réactions que suscitera sa pièce dans les villes de Moncton et d’Ottawa.

Auteure associée au Centre national des Arts, Emma Haché se considère privilégiée d’avoir pu compter, lors de la gestation de Wolfe, sur le soutien de Luc Moquin et de Gilles Poulin-Denis, également auteurs associés, ainsi que de Wajdi Mouawad, directeur artistique du Théâtre français. Comblée, elle évoque "une solidarité, une discussion ouverte, un colloque au coeur duquel tous les partis sont sur un même pied d’égalité".

Enthousiasmée par ses nombreux projets, parmi lesquels on compte une oeuvre avec marionnettes ainsi qu’une exploration sur le thème du couple, la dramaturge prendra toutefois le temps de savourer pleinement les représentations de Wolfe, sa lettre d’amour à une Acadie qu’elle estime et affectionne.