Grâce à Dieu, ton corps : Tristes amours
Paula de Vasconcelos pèche par excès dans Grâce à Dieu, ton corps, une oeuvre qui se perd dans le scénario pauvre d’amours adultères.
Décidément, Paula de Vasconcelos a du mal à trouver un équilibre depuis le succès de sa luxuriante Trilogie de la Terre. Dans cette nouvelle création de théâtre-danse, elle a choisi d’évacuer tout texte pour raconter l’histoire d’un couple qui succombe aux plaisirs de la chair et s’en verra détruit.
N’osant prendre le risque d’une abstraction qui aurait magnifié le corps et en aurait exalté le caractère sacré (ce qui était son intention d’origine), elle glisse dans une narration qui frise la pantomime, misant sur des expressions faciales affectées et sur une bande sonore par trop évocatrice. Bien que l’on sente le travail de recherche gestuelle dans les duos de Natalie Zoey Gauld et David Rancourt, leur danse est tellement littérale que la magie ne parvient pas à s’installer. Et leurs souffrances mutuelles s’éternisent à un point tel qu’on languit de les voir en finir.
Pourtant, il y a dans cette oeuvre plusieurs bons éléments plus ou moins bien exploités. À commencer par la scénographie, également conçue par Vasconcelos, et le morcellement de l’espace. En montant la scène sur deux niveaux, la metteure en scène-chorégraphe favorise d’intéressants jeux de perspective. En usant de cadres de bois à géométrie variable et de marionnettes, elle focalise le regard et change la temporalité. À souligner, aussi, l’esthétique de la pièce joliment habillée par les éclairages de Stéphane Ménigot.