Annie Gagnon / Louise Bédard : L’effet papillon
Annie Gagnon fait ses premiers pas comme chorégraphe avec Cocoon et dansera juste après dans Les larmes d’Anna K. de Louise Bédard. Un programme double, entre émergence et notoriété.
La carrière d’Annie Gagnon est encore jeune, certes, mais ô combien déjà ponctuée de succès et de collaborations avec les compagnies les plus en vue de Québec. C’est d’ailleurs en dansant dans Osez! de Karine Ledoyen qu’elle a rencontré (presque par hasard) une Louise Bédard qui a eu un coup de foudre professionnel pour elle: "Annie, je la trouvais très dégourdie. Il y avait une telle ouverture chez elle. En plus, elle met toujours les bouchées doubles, c’est une bûcheuse. Je me reconnais en elle", confie la femme de danse de Montréal.
Cette fois-ci, et pour la première fois, Annie Gagnon se coiffe du chapeau de chorégraphe avec Cocoon. Porté par une gestuelle longuement étudiée, le langage chorégraphique de cette production se veut calqué sur la manière qu’ont les insectes de bouger. Rien à voir avec les mouvements naturels du corps. Même en matière de scénographie, on promet quelque chose de différent, d’organique même. Résultat? Le spectateur est effrayé, gentiment, et on le prend non pas par les sentiments, mais bien par les sens. De quoi susciter la curiosité de tout public, surtout de ceux qui croient que la danse est un art trop hermétique, ou difficile d’approche.
"De nos trois premières semaines de répétitions, il reste, quoi, 40 secondes peut-être? Le spectacle a beaucoup évolué au fur et à mesure", avoue Annie Gagnon. Plusieurs phases de création, donc, pour sa première production en carrière. Si bien que la comparaison avec le développement d’un papillon est peut-être facile, mais tout indiquée.
Mais le programme est double. Et pas de risque que Louise Bédard se fonde dans l’ombre d’Annie, grâce au talent hors du commun qu’elle a pour mettre en mouvement toute la complexité des êtres humains. C’est son thème de prédilection, qui fait d’elle une des figures de proue de la danse contemporaine au Canada.
Si la scénographie des Larmes d’Anna K. est d’une simplicité désarmante, l’interprétation – par Annie Gagnon et Jean-François Duke – explore avec densité l’évolution d’une relation hautement émotionnelle entre un homme et une femme. De la proximité, jusqu’à l’éloignement. "On peut être très près, même à distance et vice-versa. C’est une antithèse intéressante que j’avais envie d’explorer", avance la chorégraphe.
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Danse K par K, Le fils d’Adrien danse, Mario Veillette