François Gagné : Valser avec la mort
Scène

François Gagné : Valser avec la mort

François Gagné réalise avec Hamlet sa première mise en scène avec le Théâtre des gens de la place.

Au Théâtre des gens de la place, certains avaient déjà caressé le rêve de monter Hamlet. Mais avant François Gagné, personne ne l’avait matérialisé. C’est qu’avec son impressionnante distribution (23 comédiens), le célèbre classique de William Shakespeare exige un minimum de casse-tête.

"Ce n’est pas évident de monter ça professionnellement dans sa vie", explique celui qui occupe un emploi comme responsable des arts de la scène au Séminaire Saint-Joseph. "Ça coûte cher. Il y a beaucoup de personnages. Mais la première vraie raison pour laquelle j’ai monté cette pièce, c’est que Martin Sévigny m’a dit oui pour faire Hamlet. Je pense qu’il n’y a que cinq pages sur 120 où le personnage n’est pas là. Ça prenait donc un comédien qui pouvait défendre un rôle complexe avec beaucoup de zones grises. J’ai travaillé avec Martin dans plusieurs extraits de scène avec mes élèves – dans Cyrano entre autres – et j’ai découvert un gars qui est très facile à diriger, qui a une palette incroyable!"

Pour ceux à qui l’oeuvre serait moins familière, Hamlet consiste en une terrible histoire de vengeance. Alors qu’il a encore du mal à digérer le remariage de sa mère (Cindy Rousseau) avec son oncle (Patrick Lacombe), le personnage-titre apprend que ce dernier est le meurtrier de son père. Ébranlé, il ne souhaitera qu’une chose: le faire payer pour son crime crapuleux. Cette déclaration de guerre le mènera malheureusement tout droit à sa perte. "Il va poursuivre un but en sachant qu’il va se faire du tort à lui et à ceux qu’il aime. Il sait comment ça va finir, Hamlet. C’est une tragédie à l’état pur. À partir du moment où il décide de se venger de son oncle, il s’enfonce, s’enlise, sans jamais réussir à se sortir de ça."

"C’est une pièce qui est très humaine, enchaîne le metteur en scène. Par définition, Hamlet est imparfait, a peur de mourir. Il ne sait pas ce qui va arriver après la mort. Il se questionne énormément sur le sens de la vie. Moi, j’ai peur de mourir. Donc la présence du thème de la mort dans la pièce, c’est quelque chose qui m’atteint."

D’explorer un texte au parfum funèbre lui permet-il d’apprivoiser un peu l’éventuel passage de la Faucheuse? "Non, je ne pense pas", lance en riant celui qui subira prochainement une deuxième opération à coeur ouvert. "Si la pièce de théâtre sera finie dans trois semaines, la mort, elle, est vraie. Quand, dans la pièce, Hamlet se pose des questions, ça ne nous aide pas, mais ça ne nous nuit pas. Ça fait juste nous toucher. Ça alimente les réflexions qu’on peut avoir intérieurement."

Une vision obscure

D’ailleurs, Gagné n’a pas l’intention de nous plonger dans une atmosphère très plaisante avec son adaptation. "La scénographie, c’est trois structures d’échafaudage avec du métal et du bois qui nous rappellent un peu les murs d’un château. On est plus dans le post-apocalyptique sur le plan du look. On ne situe pas l’histoire dans le temps. Oui, il y a des épées, mais les costumes ressemblent à ceux de Mad Max ou de Waterworld. La musique est originale aussi. Très sombre, très obscure. Les éclairages vont être très froids. On n’est pas dans l’exagération, mais les maquillages vont donner l’impression que les gens n’ont pas mangé depuis longtemps. Ce n’est pas dans un climat agréable qu’on va entrer…"

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