Jacques Grisé : Je me souviens
Scène

Jacques Grisé : Je me souviens

Jacques Grisé, le "et" de Paul et Paul, se raconte dans un retour à la scène hésitant.

Avant Les Trois Accords et Jean-Thomas Jobin sévissait Paul et Paul, trio spécialiste du délire langagier et du non-sens dingue que formaient dans les années 70 Claude Meunier, Serge Thériault et… qui déjà? "Jacques Grisé!" vient rappeler à notre mémoire le principal intéressé dans un premier solo.

L’attachant sexagénaire ne tire cependant pas sur les ficelles absurdes qui lui ont permis de se tailler une place dans le grand livre de l’humour québécois. Enfance miséreuse, premières amours maladroites, carrière dans les médias en dents de scie… Le texte repose essentiellement sur des "j’me rappelle que" à prendre tels quels; jamais ces anecdotes ne servent-elles, comme chez d’autres humoristes, de portes d’entrée sur un sujet. Ce ne serait pas un problème outre mesure si Grisé ne semblait pas lui-même hésiter entre le dynamisme du stand-up comique, qu’il maîtrise mal, et l’air posé du conteur, qui sied mieux à son énergie. La mise en scène d’Édith Cochrane et ses abus de noirs n’aident en rien et empêchent le spectacle d’atteindre sa vitesse de croisière.

Pourtant, quand il délire ferme, convaincu d’être le sosie de Mick Jagger ou que des groupies le pourchassent, le "et" trouve une voix qui lui appartient en propre. Son ami, le regretté Marcel Béliveau, lui avait jadis prodigué un conseil: "L’important, ce n’est pas que l’histoire soit vraie, c’est qu’elle soit intéressante." Grisé justifie le mieux son retour lorsqu’il pousse cette logique à l’extrême.