Stéphane Guignard : Voler en éclats
Scène

Stéphane Guignard : Voler en éclats

Invité par le Festival Montréal/Nouvelles Musiques, le Français Stéphane Guignard rend hommage à John Cage en réunissant sur scène une chanteuse lyrique, une joueuse de koto et une danseuse.

Portée par le thème "Musiques en mouvements", la 5e édition du Festival Montréal/Nouvelles Musiques accueille plusieurs spectacles qui intègrent la danse. Ginette Laurin y reprend La vie qui bat, pièce d’anthologie créée en 1999 sur le célèbre Drumming de Steve Reich. Martine Beaulne s’y associe à La Nef et Espaces sonores illimités pour mettre en scène une oeuvre muséologique sur le mythe d’Urnos. Et le compositeur Jean-François Laporte fait équipe avec la danseuse Barbara Sarreau dans Mon corps ne s’arrêtera jamais de danser. Quant à Stéphane Guignard, il s’inspire de musiques de John Cage dans Songs, prenant des libertés que le compositeur complice de Cunningham aurait applaudies.

"La présence de la kotoiste Mieko Miyazaki évoque tout le travail méditatif de Cage autour du Japon", explique cet instrumentiste, compositeur et metteur en scène de spectacles où le corps du musicien est toujours impliqué. "Le croisement avec le territoire du chant lyrique occupé par Nadine Gabard fonctionnait très bien, mais je trouvais ça trop stable, trop calme. Alors j’ai invité la danseuse Patricia Borges Henriques pour perturber les énergies."

Perturber l’instrumentiste pour l’amener à faire corps avec son instrument et le rendre vivant. Perturber l’écoute pour stimuler la créativité et ouvrir de nouveaux champs d’expérience. Non content de provoquer la rencontre des musiques contemporaines occidentales de Cage et de Christian Fennesz avec la tradition japonaise, le directeur artistique de l’association musicale Éclats parasite le tout avec la musique électronique d’Eddie Ladoire, installé en régie. Sur scène, chacune habite son corps et use de sa voix. Le travail chorégraphique, lui, a été élaboré de concert avec la danseuse.

"Je lui ai proposé des mises en situation et une recherche autour d’un vocabulaire gestuel précis, indique Guignard. Ensuite, à partir d’improvisations et de matière qu’elle a fournie, j’ai récrit aussi bien des qualités gestuelles que la composition des trois corps dans l’espace." Un espace tapissé de tubes de couleur évoquant les trigrammes du Yi-King, Le livre des transformations dont John Cage se servait comme outil de composition aléatoire.