Jean-Claude Gallotta : À fleur de peau
Scène

Jean-Claude Gallotta : À fleur de peau

Après le succès de Trois générations en 2004, Danse Danse réinvite Jean-Claude Gallotta avec une oeuvre non moins atypique: une adaptation pour 14 danseurs de L’homme à tête de chou, album-culte de Gainsbourg interprété par Bashung. Un must.

Rongé par la jalousie, un journaliste de seconde zone assassine l’infidèle Marilou, sombre dans la folie et devient L’homme à tête de chou. Quand Serge Gainsbourg écrit les paroles et musiques de cette oeuvre-clé de son répertoire, en 1976, il est loin d’avoir le public qui va pleurer sa mort et l’album reste confidentiel. Séduit par "ce concept de film sur disque", Jean-Claude Gallotta l’ajoute à sa discothèque. Bientôt, il sera l’une des figures de proue de la danse contemporaine française.

Bien des années plus tard, le hasard des rencontres l’amènera à mettre l’oeuvre en mouvement avec Alain Bashung dans le double rôle de narrateur-chanteur et de personnage. "J’ai essayé de suivre la logique des 12 tableaux, de composer avec ce qui était raconté et en textes et en musiques, et, à partir de là, de détourner, de suggérer tout en respectant le scénario, indique le chorégraphe. Ce n’est ni totalement abstrait, ni totalement à contrepoint, ni totalement figuratif. C’est dans la suggestion, à fleur de peau…"

Le récit est un long flashback. Au lever de rideau, on aurait dû découvrir Bashung en meurtrier prostré sur une chaise à roulettes, peu à peu envahi de souvenirs incarnés par les 14 danseurs du Centre chorégraphique national de Grenoble – Groupe Émile Dubois. Mais de l’illustre musicien emporté en 2009 par le cancer, ne reste que la voix sur une maquette de travail enregistrée par Denis Clavaizolle, dont les compositions musicales agrémentent la partition de Gainsbourg et élargissent le champ d’interprétation chorégraphique. La voix et la chaise, symbole de la double absence de ces monuments de la chanson française.

S’appuyant sur certains archétypes du film noir, celui qui a toujours cherché de nouvelles façons de raconter sans jamais s’embarrasser de tabous exprime à sa manière la sexualité torride de Marilou. "Les choses sont plutôt suggérées, mais on sent qu’il n’y a pas d’interdits, précise-t-il. L’idée, c’est de se dire qu’on n’a pas froid aux yeux, qu’on pourrait le faire mais qu’on n’est pas obligé d’aller jusqu’au bout."

Pour mieux connaître ce chorégraphe et son oeuvre, on profitera de la causerie gratuite du 5 mars dans le Grand Foyer culturel de la Place des Arts et de la mini-rétrospective de ses films à la Cinémathèque, le jeudi 10.