Recto-verso : Les deux cerveaux du manipulateur
Musique

Recto-verso : Les deux cerveaux du manipulateur

Dans le théâtre de marionnettes coexistent deux mondes: le montré, lieu de la fable, et le dissimulé, antre de la contorsion et de la précision. Quand les deux se donnent en spectacle, on obtient Recto-verso!

Depuis quelques années, Vicky Côté et Patrick Simard parcourent les routes du Québec en tant que marionnettistes pour le Théâtre des Amis de chiffon. Les expériences s’accumulant, ces deux artistes fort actifs au Saguenay en sont venus à réfléchir à leur nouvelle pratique: quels liens unissent les manipulateurs à leur marionnette? Comment penser à l’histoire tout en fournissant la technique nécessaire? Comment, en faisant preuve de virtuosité, donner la vie tout en s’effaçant? Mais plus encore: comment donner accès à ces deux niveaux d’action? Comment dévoiler ce qui se passe derrière? Comment faire voir cette double présence de l’être et de l’objet?

Du recto…

D’abord, un spectacle plus que traditionnel: des marionnettes à gaine (comme des mitaines) aux têtes gigantesques et chevelues. Objets simples à l’efficacité surprenante. Ensuite, un bar, le BOA, où se déroulera, sur les trois paliers d’un immense castelet, tout un jeu de séduction entre une douzaine de personnages. "Dans ce bar, il y aura plein de situations rocambolesques. Plusieurs personnalités s’entrecroiseront; les couples se feront et se déferont", explique Vicky Côté, aussitôt appuyée par Patrick Simard, le regard malicieux: "Ça frenche en masse." Conçu, pour rehausser le défi, sur une trame sonore de Janine Fortin qui imposera le rythme, le spectacle a pour but de donner à l’assistance un premier point de vue à saveur comique et déjantée. Que la magie opère…

Au verso…

Sitôt la représentation terminée, on recommence! Les caches disparaissent, on braque la lumière et l’attention du spectateur sur un étrange spectacle qui se déroule en simultané, tout en contorsions et en ingéniosité, pour donner vie à ces poupées. Le jeu de la séduction de la première partie se transforme en un jeu de promiscuité. "On veut montrer ce qu’on a pris du temps à créer. Montrer comment on a construit le spectacle, comment on a répondu aux défis posés de manipuler autant de marionnettes en même temps avec seulement deux mains", de dire Côté.

L’accent est donc mis sur la réalité du marionnettiste, sur ses obligations, ses défis… "Parce qu’en même temps qu’on pense à notre personnage, il faut déjà penser à la prochaine action qu’il faut faire, et à comment la faire", renchérit Simard. Une véritable séparation entre la tête et les mains.

Où se situe alors le vrai spectacle: chez les personnages ou chez ceux qui les animent?

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Les marionnettes, le jeu physique