Jocaste : Amour impossible
Scène

Jocaste : Amour impossible

Dans Jocaste, Julie Vincent met de l’avant la sensualité de la tragique reine de Thèbes.

Si la légende d’OEdipe est le thème de nombreuses oeuvres littéraires, peu ont donné la parole à Jocaste, qui fut à la fois sa mère et son épouse. La proposition de l’auteure uruguayenne Mariana Percovich a donc de quoi séduire: en adoptant le point de vue de celle qui a accédé au bonheur et au plaisir charnel par l’inceste, elle nous fait entrer en zone très trouble, et nous expose doublement au premier et ultime tabou, à la fois horrifiant et fascinant.

Seule en scène, vêtue d’une robe noire et d’escarpins vernis qui soulignent sa féminité, et mise en valeur par les magnifiques éclairages de Mickaël Fortin, Julie Vincent incarne celle qui fut bafouée par son premier époux avant de découvrir l’amour dans des bras interdits. Munie d’un micro qui lui permet de nous raconter son histoire sur le ton de la confidence, la directrice de la compagnie Singulier Pluriel adopte un jeu distant et maniéré, loin du débordement passionnel auquel on est souvent exposé dans la tragédie, nous débarrassant ainsi du poids du mythe et nous donnant accès à l’intériorité du personnage.

Découpant le récit en 11 tableaux, l’auteure donne à la tragédie un caractère intime et poétique. Malheureusement, l’histoire apparaît ici franchement confuse. Par exemple, on comprend mal d’où vient la malédiction d’origine, pourquoi Jocaste épouse OEdipe, pourquoi la peste s’abat sur Thèbes et comment OEdipe découvre finalement la vérité. D’aucuns pourraient arguer que l’histoire n’est pas le propos et que l’auteure désire mettre de l’avant le vécu de Jocaste en tant que femme et non en tant que personnage mythologique. Il reste que le manque de clarté et les trop nombreux raccourcis nous empêchent d’accéder pleinement à ses sentiments.