La noce : Noces barbares
Scène

La noce : Noces barbares

Mettant en avant la bestialité des personnages de La noce de Brecht, le metteur en scène Gregory Hlady en propose une lecture personnelle, mais outrancière.

La première question qui se pose est: parmi toutes les oeuvres de Brecht, pourquoi avoir choisi de monter cette oeuvre de jeunesse? Dans le contexte des années 1920, La noce, racontant un repas de mariage qui tourne mal, avait quelque chose de résolument novateur dans la forme (apparition de la distanciation, utilisation du décor comme un élément à part entière de l’action, dialogues frisant l’absurde, allusions sexuelles…) et de provocateur dans le fond, avec sa critique virulente des valeurs de l’époque: mariage, famille, virginité, convenances… Aujourd’hui, loin de crier au scandale, on remarque plutôt la faiblesse du texte, sa maladresse même, par exemple dans la surutilisation de la métaphore des meubles s’effondrant les uns après les autres pour signifier la désintégration des valeurs traditionnelles.

À voir la lecture proposée par Gregory Hlady sous la bannière du Groupe de la Veillée, on est tenté de penser qu’il trouve lui-même le texte mince, car il l’a littéralement dissous dans sa mise en scène. S’attachant à mettre en avant le sous-texte (irrespect, agressivité, animalité des personnages), il a créé un univers chaotique, presque surréaliste, où les personnages sont volontairement caricaturaux, où la continuité des dialogues est brisée, et où les pulsions sexuelles sont omniprésentes et ostensibles. Ce parti pris – qui s’inscrit dans la continuité de son travail – n’est pas inintéressant, mais le metteur en scène a malheureusement péché par manque de mesure, et l’outrance finit par nous noyer. Notons toutefois que les comédiens sont, dans l’ensemble, très à l’aise dans ce registre.