Insomnie : La vie est un songe
Insomnie, de Daniel Brooks, dans une mise en scène de Michel Nadeau, s’intéresse aux angoisses nocturnes d’un écrivain.
Quiconque a déjà été privé de sommeil, ne serait-ce qu’une nuit, sait trop bien que l’esprit peut s’embraser, transformant la moindre peccadille en une montagne de problèmes insurmontable. Par son écriture syncopée, soulignée peu subtilement par des fondus au noir répétitifs, ses dialogues criants de réalisme que viennent ponctuer quelques tirades irrationnelles, Daniel Brooks, en collaboration avec Guillermo L. Verdecchia, l’illustre assez bien. On ne pourra toutefois en dire autant de cette longue et peu éclairante conférence donnée par le personnage principal au paroxysme de son délire nocturne.
Privé de sommeil depuis la naissance de sa fille, John F. (Nicola-Frank Vachon) parvient difficilement à écrire. Pour ajouter à ses malheurs, il constate que sa femme Gwen (Catherine Larochelle) est insatisfaite de son sort à la veille de recevoir la visite du frère de John, homme prospère, et de sa séduisante épouse (Normand Bissonnette et Sophie Martin).
Évoluant tels des somnambules dans un décor d’une élégance minimaliste, les acteurs jouent avec une retenue qui ne sert pas toujours justement l’intrigue. Aurait-il fallu que le metteur en scène Michel Nadeau, directeur du Théâtre Niveau Parking, insuffle plus de folie à l’ensemble? Si le lancinant tic tac du réveil nous tient aux aguets dans les premiers moments, trop tôt la sagesse de la mise en scène ne fera qu’alourdir les paupières du spectateur plutôt que de le plonger dans un climat angoissant propre à une nuit d’insomnie.