Jocelyn Pelletier / La mélodie entre la vie et la mort : Dernier tango en forêt
Jocelyn Pelletier signe et dirige La mélodie entre la vie et la mort. Dans la continuité thématique et sonore de Symbioses, qu’on a pu voir à Premier Acte en 2009.
Après une lecture à La Bordée, Jocelyn Pelletier met en scène La mélodie entre la vie et la mort, une pièce où il explore des thèmes similaires à ceux qu’il abordait dans Symbioses. "Il est beaucoup question de la violence des sentiments, de comment on peut se déchirer tout en s’aimant", observe-t-il.
À partir d’une prémisse réaliste – un couple se réfugiant dans un chalet en forêt pour essayer de régler ses problèmes -, il nous entraîne dans "un trip fantastique et psychologique", alors que l’arrivée d’un homme étrange fait tout basculer. "Il faut que le spectateur pense: "Ces gens existent, ça pourrait être moi", explique-t-il. Après, on entre dans la crise, dans un univers proche de celui du rêve."
Sa mise en scène s’emploie également à accentuer le doute et, donc, la tension liés à cette histoire. "On joue sur les apparences, poursuit-il. À un moment donné, tout se brouille, ce qui amène les personnages dans des zones inconfortables ou qu’ils connaissent moins d’eux-mêmes. Plus la pièce avance, plus l’atmosphère devient inquiétante."
Voilà qui n’est pas sans rappeler Antichrist de Lars Von Trier, un parallèle que Jocelyn Pelletier trouve pertinent. D’autant que Mélodie… soulève l’idée que chacun est son propre bourreau. Les notions d’inconscient, de destin y jouent un rôle crucial. "Les personnages sont coincés là, ils n’ont pas le choix d’aller au fond des choses pour s’en sortir, pour retourner à la lumière", illustre-t-il.
Pour cette raison et compte tenu du niveau de jeu privilégié, il considère que l’ensemble flirte avec "l’énergie tragique". "Dans Symbioses, on utilisait l’évocation, la vidéo. Là, on entre dans le cauchemar de façon plus brute, physique, par la voix, l’investissement des comédiens." Quant au texte, il se compose cette fois de dialogues très courts, occupant le tiers de ce spectacle "contemplatif". "J’espère que tout va être là pour que les gens entrent dans cette bulle."
Pour ce faire, Jocelyn Pelletier compte entre autres sur la "performance de musique électronique ambiante" de Millimetrik, qui avait aussi collaboré à Symbioses. "Il n’y a aucun rythme, seulement des sons qui s’accumulent, et on a beaucoup travaillé la distorsion", indique-t-il. Une architecture sonore à laquelle se conjugue un environnement visuel où priment l’enfermement et le triangle, figure emblématique de la situation des personnages.
Impressionné par la perspective subjective d’Enter the Void de Gaspar Noé, le metteur en scène a par ailleurs cherché à appliquer cette approche au théâtre. Ainsi a-t-il recours à une caméra live pour placer le public du point de vue de l’héroïne, ou dans une position de voyeur.
"Les personnages se regardent autant qu’ils regardent les autres parce qu’ils se retrouvent face à eux-mêmes et à leur relation. La scénographie fait écho à ça, avec des jeux de miroirs, de vitres", précise-t-il avant de nous inviter à aller voir trois clips donnant un avant-goût du spectacle sur le site de Premier Acte: premieracte.ca.