Luc Guérin et Frédéric Blanchette : La mélodie de l’amour
Le Centre des arts de Shawinigan reçoit la comédie musicale C’est notre chanson, pièce de Neil Simon encensée à Broadway mais méconnue des francophones.
New York. Lieu d’amour et de musique. Lieu de tous les possibles. De toutes les névroses aussi. "Il y a de fortes parentés entre Neil Simon et Woody Allen, lance Luc Guérin. Les personnages sont semblables, des névrosés à l’esprit vif, qui ont beaucoup de répartie." C’est là que nous emmène C’est notre chanson, en plein coeur de la Grosse Pomme des années 70, "quand les émotions s’exprimaient avec moins de pudeur, ajoute Frédéric Blanchette, et que l’amour se vivait toujours à fleur de peau".
Blanchette et Guérin ont craqué pour cette pièce à cause de la finesse du dialogue et de la richesse de l’évolution dramatique. "C’est une affaire de répartie, mais appuyée sur de réels sentiments, de l’émotion, explique Guérin. On ne voit pas les gags venir, l’auteur les laisse tomber doucement, et c’est ce qui fait la finesse du texte. C’est brillant. Tout n’est pas uniquement au service de la mécanique comique, il y a de la substance."
Outre le dialogue et le comique de situation, l’auteur américain est passé maître dans l’art de faire se rencontrer deux personnages qu’à première vue tout sépare, et de les faire évoluer jusqu’à l’amour fusionnel. C’est ce qui arrive ici, entre un compositeur de chansons populaires et sa nouvelle parolière (jouée par Catherine Sénart). Blanchette se plaît dans cette structure dramatique, dont il apprécie le caractère évolutif, le fait que "chaque personnage subit une métamorphose au contact de l’autre, dans une évolution très calculée, jusqu’à une finale de comédie romantique qui respecte les règles de l’art. Ils étaient des écorchés au départ. Ils sont devenus autre chose à la fin".
Et puis, surtout, il y a la musique. Sur Broadway, où la pièce a tenu l’affiche pour plus de mille représentations, les chansons étaient livrées sur des airs disco. Rien de plus normal à New York en 1979. Trente ans plus tard, Guérin se voyait mal chanter l’amour sur les notes d’un synthétiseur. "On a été soulagés d’apprendre que les propriétaires des droits nous permettaient de modifier les arrangements. On a conservé le note à note, mais pour le reste, Philippe Noireault, le directeur musical, a tout de suite pensé au jazz: piano, basse, contrebasse et percussions. Le jazz, c’est très New York, c’est langoureux et ça évoque bien le sentiment amoureux. La musique donne un souffle romantique à la pièce, sans être quétaine."