Martin Boisclair : Entreprise familiale
Scène

Martin Boisclair : Entreprise familiale

À l’aube de la conclusion d’une ambitieuse tournée, Martin Boisclair établit ses pénates à La Nouvelle Scène afin d’exhiber l’univers naïf et tendre de Chroniques du dépanneur.

Les souvenirs les plus lointains du dramaturge Martin Boisclair renvoient à une suite d’épisodes se déroulant dans une maison adjacente à un dépanneur. Le commerce, tenu par ses parents, dictait les modalités de la vie familiale. "J’ai pratiquement grandi au dépanneur. Puisque la table à manger était visible depuis le comptoir, les clients entraient réellement dans notre intimité", confie l’artiste. À la lumière de ce rapport idiopathique avec la vie publique, il n’est pas étonnant que Martin Boisclair se soit senti à l’aise quand l’occasion s’est présentée d’endimancher lesdits souvenirs pour les besoins d’une production théâtrale, première initiative de la compagnie montréalaise Tout le monde s’appelle Alice.

Dans une mise en scène et une scénographie d’Émilie Gauvin, Martin Boisclair relate son histoire selon les codes de l’autofiction, un genre qu’il aborde dans une optique phénoménologique. "On fouille dans nos bibittes", simplifie-t-il avec candeur. Si environ 80 % du matériel présenté est véridique, l’artiste avoue que la réalité a été amplifiée, enjolivée, ou même enlaidie afin d’en maximiser l’impact dramaturgique. La fantaisie et l’étrange s’immiscent dans ce récit se concentrant surtout sur une simple anecdote, celle où le jeune Martin Boisclair découvre son père affairé à creuser des trous dans la cave du dépanneur, un mystère qui engendra d’intenses répercussions sociales.

À travers une série de courtes vignettes, Chroniques du dépanneur pose le regard sage d’un adulte sur la réalité de son enfance. Au-delà des restrictions budgétaires, c’est son intérêt pour le monologue qui a incité Martin Boisclair à adopter la forme du spectacle solo. Il résume: "Il y a quelques semaines, je me suis rappelé que j’écoutais beaucoup les vinyles des monologues d’Yvon Deschamps. À 9 ou 10 ans, je déplaçais l’aiguille pour les retranscrire mot à mot, jusqu’à ce que ma mère me demande pourquoi je n’écrivais pas mes propres histoires. C’est probablement pourquoi je suis devenu auteur, parce que ma mère m’en a donné la permission."

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