Michaël Rancourt : Toujours imité, jamais égalé
Scène

Michaël Rancourt : Toujours imité, jamais égalé

L’imitation dans l’art pose toujours problème. Sauf pour ceux dont la vocation est d’imiter avec l’idée de faire rigoler. Comme Michaël Rancourt.

Déjà 23 ans que Michaël Rancourt bourlingue à titre d’imitateur, un statut qui le place en marge des humoristes classiques au Québec. "Je ne fais pas de l’humour au sens traditionnel. Je préfère parler de variétés quand on me demande ce que je fais sur scène…" précise l’artiste natif de Charny qui maîtrise parfaitement la voix de près de 200 personnalités publiques, de Félix Leclerc à Johnny Cash en passant par Éric Lapointe et Ginette Reno.

Malgré la difficulté évidente de renouveler un genre qui étonne moins qu’à l’époque du maire Drapeau incarné par Jean-Guy Moreau, le sympathique Rancourt explique la motivation derrière ce spectacle présenté en grande première à la Salle Albert-Rousseau, un projet qui le tiendra fort occupé jusqu’à l’an prochain: "C’est vraiment un show bâti à partir de mes souvenirs… On commence avec The Platters, qui jouaient quand ma mère a accouché de moi, jusqu’à la musique de mon adolescence et même d’aujourd’hui."

Parmi les moments forts pressentis sur scène, des imitations d’artistes québécois comme Plume, Jean-Pierre Ferland, Les Classels, mais aussi une revisite de films cultes ayant marqué la jeunesse de son public. "Mon show s’adresse à des gens de 40 ans et plus. Alors quand j’imite le duo Diana Ross et Lionel Richie chantant la pièce Endless Love, tirée du film du même nom, les femmes se lèvent pour chanter avec moi…" Le pouvoir d’évocation de chansons connues pour remporter du succès en salle n’est donc pas l’apanage des Sylvain Cossette et Michael Bublé de ce monde. Le travail de reproduction de Michaël Rancourt, véritable mélomane qui s’avoue nostalgique de l’époque où la musique lui plaisait, s’inscrit même dans une logique de perfection absolue. "Parfois, j’ai besoin de plusieurs années pour être pleinement satisfait d’une imitation."

Au moment de discuter des techniques qu’il utilise depuis toutes ces années pour parvenir à calquer parfaitement la voix d’un chanteur ou d’une chanteuse, Michaël Rancourt demeure naturellement flou, tout en indiquant avec générosité la piste à suivre pour ceux qui oseront s’aventurer dans cette direction. "Beaucoup d’écoute! Je m’enregistre et me réécoute à l’infini pour nuancer chaque syllabe, chaque intonation…" Parmi ses plus grands défis, il mentionne d’emblée la voix particulière de Charles Aznavour, qu’il refait sur scène, de même que celle de Céline Dion, à laquelle il a renoncé après des centaines d’heures investies. "D’habitude, je suis pas si pire pour les voix de femmes, mais j’ai finalement renoncé à Céline parce que je n’étais pas satisfait du résultat." Aussi, parmi les projets les plus fous qui l’animent, il annonce sans hésitation: "Je rêve depuis longtemps d’imiter une grande symphonie au complet! En fait, je devrais enregistrer séparément chacun des instruments pour ensuite en faire un montage qui devrait être fidèle à l’original…"