Hamlet : Bon prince
De Hamlet, le chef-d’oeuvre de Shakespeare, Marc Béland offre une lecture limpide mais sans grand relief.
La tragédie d’Hamlet, prince du Danemark en quête de justice, arpentant fiévreusement les couloirs du château d’Elseneur, Marc Béland, qui a tenu le rôle mythique il y a 20 ans sur la même scène, a choisi de la camper dans une époque imprécise mais plutôt contemporaine. Avec leurs pistolets et leurs costumes-cravates, les personnages font penser aux mafieux d’un film noir, ou encore aux membres d’une riche classe politique, des individus capables des pires atrocités mais qui savent toujours sauver les apparences.
On dira que la mise en scène, sobre, limpide, laisse toute la place au texte et à ses enjeux indémodables. Ce n’est pas faux. Mais la lecture du chef-d’oeuvre, bien sage, manque selon nous de singularité, d’inventivité et de radicalité, surtout en ce qui concerne le jeu. Où sont passés les égos surdimensionnés des protagonistes? Où se cachent les monstres de concupiscence, les individus malintentionnés qui foulent au pied l’amour et la beauté? Ils ne sont pas de la partie et c’est vraiment dommage. Fallait-il que le personnage principal soit le seul à avoir du panache?
Il faut tout de même reconnaître au spectacle deux grandes forces. La première est la traduction de Jean Marc Dalpé, agréablement directe, affranchie de tous ces détours fleuris qui parasitent ailleurs le sens et l’urgence. On s’en délecte. Le second atout, de taille, c’est le comédien qu’on a choisi pour défendre l’un des personnages les plus vertigineux de la dramaturgie mondiale. Faisant preuve de cette intelligence du texte qui est en voie de devenir sa marque de commerce, Benoît McGinnis oscille entre folie et lucidité avec une rare maîtrise. Son énergie, toujours croissante, fascine. Sa ferveur, dévorante, rachète à elle seule la relative fadeur du reste de la représentation.