Le 20 novembre : Tous coupables
Musique

Le 20 novembre : Tous coupables

Dans Le 20 novembre, Christian Lapointe, dirigé par Brigitte Haentjens, nous oblige à faire notre examen de conscience.

Le 20 novembre 2006, en Allemagne, un jeune homme de 18 ans a tiré sur les élèves et les professeurs de son ancienne école avant de se donner la mort. Une histoire bien connue, mais toujours intolérable, et qui dépasse l’entendement. Sauf que… à bien y réfléchir, tout cela n’arrive pas par hasard. C’est ce que nous dit le Suédois Lars Norén dans sa pièce Le 20 novembre, écrite à partir du journal intime du responsable du drame. Seul en scène, Christian Lapointe incarne Sebastian, et nous raconte son histoire. Calme et froid, exécutant des chorégraphies étranges et des grimaces effrayantes, laissant parfois éclater sa colère, mais sans débordements, il ressemble à un animal traqué et son désespoir est palpable.

La mise en scène de Brigitte Haentjens, d’une grande précision, est, comme le texte, profondément dérangeante. Quand Lapointe nous prend à partie directement, individuellement, interrogeant nos valeurs, nos croyances et nos comportements, le malaise grandit. Car plus qu’une confession, le texte de Norén est une véritable mise en accusation de la société occidentale, mais aussi de chacun de nous, en tant qu’individu responsable. Assis sous des néons, observant un homme au pied du mur (littéralement), on se sent tour à tour victime et bourreau, et notre condition de spectateur, dans la salle comme dans la vie, nous fait honte.

Si le texte recèle un certain nombre de lieux communs sur la société capitaliste, et ressemble parfois à une liste d’épicerie de ses travers et de ses maux, il est si criant de vérité qu’on ne peut que baisser la tête devant un terrifiant constat: l’injustice de notre société et sa capacité d’exclusion, mise en place dès le plus jeune âge. Une expérience désagréable, mais nécessaire et fort bien conduite.