Marie Chouinard : Retour vers l'avant-garde
Scène

Marie Chouinard : Retour vers l’avant-garde

Marie Chouinard poursuit les célébrations du 20e anniversaire de sa compagnie à Danse Danse en reprenant quatre pièces de son répertoire. Parmi celles-ci, Les trous du ciel et Étude No 1.

Les trous du ciel est, en 1991, la toute première pièce de groupe que signe Marie Chouinard. La singularité, l’audace, la vibrante animalité et le raffinement marquant déjà sa carrière de soliste trouvent là un nouvel espace de déploiement. Accueillie comme une révélation, l’oeuvre confirme l’exceptionnel talent de cette artiste hors du commun.

"En revoyant la vidéo, j’ai été étonnée de cette maîtrise juvénile de la composition, de la poésie dans la chorégraphie et des innombrables détails qui en font une pièce d’orfèvrerie. Je ne savais pas qu’il y a 20 ans, j’étais déjà bonne!" s’esclaffe-t-elle. Pourtant, créé deux ans plus tard, son Sacre du printemps remplit encore les salles de par le monde…

Qualifié de poème chorégraphique, Les trous du ciel a pour seule bande sonore le souffle et la voix des danseurs, ce qui demande une écoute plus particulière. "Quand j’ai commencé la construction, je ne savais pas que ce serait une pièce en silence, poursuit-elle. J’avais proposé beaucoup d’exercices d’exploration avec la voix, le souffle et le son accordé au mouvement parce que ça me semblait essentiel pour qu’un interprète s’engage encore plus totalement dans le mouvement. Et quand j’ai invité Rober Racine à composer une musique, il m’a convaincue que la pièce n’en avait pas besoin."

Remontée par les soins de la danseuse Carol Prieur avec 14 danseurs plutôt que sept, l’oeuvre est précédée d’Étude No 1, solo créé en 2001 pour Lucie Mongrain, encore membre de la compagnie. À l’époque, la maturité de l’interprète avait donné à Chouinard le goût de renouer avec la forme solo. Dénichant dans son passé la pratique des claquettes, elle l’avait placée sur un plancher sonorisé, le son de ses souliers ferrés, manipulé en direct, déclenchant des partitions sonores créées par Louis Dufort.

"Il y a 10 ans, Lucie n’était encore qu’une enfant comparée à aujourd’hui, s’exclame Chouinard. Son interprétation actuelle est bouleversante. Elle est dans la justesse et dans l’intensité à chaque seconde et on la suit à la trace. On est happé pendant 35 minutes. C’est fascinant. Elle atteint des sommets de virtuosité, elle est géniale. Ce solo est une chose rare à voir dans la vie. C’est être témoin d’un grand art de l’interprétation."