Les Nouveaux Compagnons : Onde de choc
Scène

Les Nouveaux Compagnons : Onde de choc

Pour leur deuxième production de la saison, Les Nouveaux Compagnons s’attaquent à Oublier de Marie Laberge, une oeuvre dense sur la maladie d’Alzheimer.

Lorsqu’on décide de monter une pièce de Marie Laberge, pas question de changer ne serait-ce qu’une virgule. Il faut la jouer telle quelle, avec ses longueurs et ses références dans le temps. Cette condition n’a pas effrayé Les Nouveaux Compagnons, qui n’ont pas hésité une seconde à donner vie à Oublier, un texte écrit à la fin des années 80 qui s’articule autour de quatre soeurs réunies un soir de tempête pour discuter du cas de leur mère atteinte de la maladie d’Alzheimer.

"C’est le point qui attire les quatre soeurs, qui ne se sont pas vues depuis 15 ans, dans la maison de leur enfance. Et si elles ne se sont pas fréquentées depuis tout ce temps, il y a des raisons", commente la metteure en scène Maïthé Larouche. "On s’en rend compte: chacune est en manque d’amour, de par l’histoire de sa jeunesse. Un manque d’amour que chacune exprime de façon différente dans sa vie d’aujourd’hui. La pièce parle aussi des répercussions que cette maladie peut avoir sur la cellule familiale. On dit souvent que ce n’est pas drôle pour la personne atteinte, mais c’est également difficile pour les gens autour."

Oublier s’aventure dans des zones pas très confortables, donc. Larouche raconte d’ailleurs qu’en répétition, les comédiennes Natasha Francoeur, Madeleine Prévost, Maloup Gagnon Bernard et Manon Pitre ont eu à maintes reprises la gorge nouée d’émotion: "C’est un psychodrame. C’est vraiment très dur! Il n’y a pas beaucoup de place pour le comique là-dedans. Il y a juste un petit bout où c’est plus léger, où les spectateurs vont pouvoir respirer un peu. La pièce dure environ 2h30 et ce sont les quatre comédiennes qui se partagent ce texte-là. C’est intense!"

Cet effet de malaise sera renforcé par les décors du spectacle: le squelette d’une maison à étage cossue. "C’est la tempête dehors, mais ça va être la tempête en dedans aussi. Il n’y a aucun mur dans la maison. Je voulais qu’on sente le froid extérieur, mais aussi intérieur. Il n’y a aucune chaleur humaine là-dedans."

Quant au fait que Les Nouveaux Compagnons ne peuvent déroger d’un iota du texte original campé en 1986, cela engendre-t-il des scènes parfois absurdes? "C’est plus sur le plan technologique. À un moment donné, on parle de pagette. Mais les gens utilisent ça de moins en moins maintenant. Aussi, dans les années 80, on n’avait pas un téléphone par pièce. Il y en avait un en haut, un en bas, même quand on avait une grosse maison. Alors, on peut parfois se demander pourquoi le personnage se déplace dans la cuisine lorsque le téléphone sonne. Normalement, on devrait en avoir un proche. L’année 1986, ce n’est pas si loin dans le temps, mais c’est loin par rapport à la technologie d’aujourd’hui!" conclut la femme de théâtre.

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