Patric Saucier / Érika Soucy / Domino : Ensemble de répercussions
Scène

Patric Saucier / Érika Soucy / Domino : Ensemble de répercussions

Patric Saucier a accepté d’être le mentor d’Érika Soucy pour l’écriture de la pièce Domino. Quelques mois plus tard, voilà qu’il en signe la mise en scène et y joue.

Érika Soucy est sortie du Conservatoire l’an dernier et compte déjà un recueil de poésie à son actif. Elle a aussi gagné un mentorat de Première Ovation pour la rédaction de sa première pièce, Domino. "Le comité a jugé que mon écriture pouvait se rapprocher de la sienne", raconte Patric Saucier, son mentor. Une fois le texte terminé, la jeune femme a entrepris de produire la pièce (en renonçant toutefois à y jouer en raison de sa grossesse) et lui a demandé d’en assurer la mise en scène, puis de faire partie de la distribution.

Autour d’une tuerie dans une école, la dramaturge multiplie les courtes scènes disséminées dans l’espace et le temps. "Il s’agit d’une écriture contemporaine, mais qui ne tombe pas, comme celle de plusieurs jeunes auteurs, dans le pastiche de télévision. Érika écrit vraiment pour le théâtre", observe-t-il, en la comparant au Tremblay de Bonjour, là, bonjour. "On retrouve un peu la même forme, avec une qualité d’écriture très forte et une urgence dans la parole qui fait que les personnages n’ont pas le temps de s’étaler. Tout va à l’essentiel."

Contrairement à des films tels que Elephant ou Polytechnique, Domino ne s’intéresse pas à l’événement tragique en lui-même, mais plutôt à ses "répercussions sur tout ce qui suit et sur la compréhension de ce qui est venu avant". "Comme si le drame était une grosse roche lancée dans un lac, illustre-t-il. Tu entends le plouf et, au moment où tu te retournes, tu vois une ondulation qui se perd et tu te dis: "Ça devait être une grosse roche parce que ça en fait de la vague."" Le titre fait d’ailleurs référence à cet effet domino.

"La tuerie est la pierre angulaire, mais pas le sujet de la pièce. Domino porte plus sur ceux qui restent, dans ce cas-ci, la mère et la soeur. Comment elles vivent avec le fait que leur fils ou leur frère a été un assassin dans une polyvalente", précise-t-il. Tandis que la présence d’un choeur à géométrie variable met l’ensemble en perspective en lui conférant une dimension onirique et en témoignant de divers points de vue, dont celui de la population, à la fois témoin et juge.

Patric Saucier apprécie également la grande liberté que lui laisse ce texte comportant peu de didascalies. En partant de l’idée que les souvenirs marquants s’apparentent davantage à "des images qu’à un bout de film", il en profite notamment pour bâtir sa mise en scène autour d’éléments picturaux en 2D, afin de donner au public l’impression d’être en train de regarder "l’album photos de cette famille".

Enfin, il croit que "le monde va être content de découvrir une nouvelle auteure. À Québec, présentement, on a beaucoup de jeunes créateurs, mais Érika arrive avec un texte vraiment écrit et ça, ça manque un peu". Il pense aussi que "les gens vont être émus plus que choqués, en colère ou troublés. La façon dont la pièce est écrite, l’humour font qu’on se laisse porter par cette histoire et qu’on sort avec le sentiment d’avoir partagé quelque chose de fort, de lumineux".