Patrick Léonard : Dans les souliers d’un clown
Premier spectacle solo produit par Les 7 doigts de la main, Patinoire met en scène le clown diaboliste et acrobate Patrick Léonard. Un spectacle théâtral à saveur circassienne.
Fabienne Cabado
Photo : Kim Doucet
De la blessure au genou qui l’a conduit à une opération chirurgicale, Patrick Léonard pourrait dire qu’elle fut un mal pour un bien. Car elle lui a offert le temps de donner forme au vieux rêve d’un spectacle solo. Et si ce dernier est intitulé Patinoire, ce n’est pas parce que l’artiste a été quatre fois champion canadien de patin à roulettes artistique avant de se tourner vers le cirque et de cofonder Les 7 doigts de la main: "Le propre du clown est de se retrouver dans des situations difficiles et de devoir patiner pour s’en sortir, précise-t-il. C’est à ça que fait référence le titre, qui n’est d’ailleurs pas vraiment officiel."
Un titre provisoire pour une oeuvre encore en chantier, qui ne prendra réellement vie que dans la confrontation avec le public et dans laquelle on ne verra peut-être même pas les patins que Léonard porte sur l’affiche du spectacle. Une création très théâtrale qui mise plus sur la poésie visuelle que sur les textes et où les éléments circassiens, prises de risques acrobatiques et diabolo, viennent soutenir le personnage d’un clown prêt à n’importe quoi pour se faire aimer du public. La pièce est taillée à même la personnalité de l’interprète-créateur, à l’image des productions des 7 doigts, dont tous les membres ont participé au remue-méninge de départ mais pas au processus de création, faute de temps. Un autre clown, Nicolas Cantin, prof à l’École nationale de cirque (ENC) connu pour ses oeuvres insolites à dominante statique, a été choisi comme co-metteur en scène.
"J’ai un clown très présent, très slapstick (ndlr: physique et burlesque), qui est toujours en mouvement, qui se sent obligé d’occuper l’espace constamment et je savais que Nicolas pourrait m’amener dans une direction totalement différente, commente Léonard. Je pense que ce qui va être beau dans ce spectacle-là, ça va être justement la juxtaposition de nos deux visions."
En ajoutant à sa liste de collaborateurs le chorégraphe Howard Richard, un autre professeur de l’ENC, Léonard a aussi découvert une approche où le mouvement sert une dramaturgie plutôt que la musique. "Ce spectacle est comme une tranche de vie, un peu comme dans Loft, conclut-il. J’imagine qu’il dit quelque chose sur ma vision de la vie et de la société, mais je pourrai sans doute mieux en parler en juillet, quand il aura roulé un peu." À nous l’honneur de briser la glace de cette Patinoire.