Les filles de Caleb : Soirée canadienne
Les filles de Caleb, l’opéra-folk signé Michel Rivard, est un long tour de chant statique où l’émotion manque parfois à l’appel.
Puisque Les Misérables d’Hugo ont fait l’objet d’une comédie musicale, le pari de transposer à la scène les trois briques d’Arlette Cousture ne nous apparaissait pas si fou. Hélas, si Micheline Lanctôt parvient honorablement à résumer les amours tumultueuses d’Émilie et son Ovila (Luce Dufault et Daniel Boucher, meilleurs chanteurs qu’acteurs) au premier acte, le potentiel dramatique du second se révèle plus faible. Et ce, même si l’émotion s’y fait plus palpable. Il est vrai qu’aux côtés de l’impétueuse Émilie, Blanche et Élise (Stéphanie Lapointe et Carolanne d’Astous Paquet, sous-utilisées) paraissent bien mièvres.
La présence d’Yves Lambert, en fier patriarche, nous fait cruellement regretter que le metteur en scène Yvon Bilodeau n’ait pas insufflé aux Filles de Caleb l’énergie contagieuse de La Bottine souriante. De fait, celui-ci se contente d’enchaîner les chansons sans grande imagination, rappelant une lointaine émission de variétés. Un peu plus et le regretté Louis Bilodeau nous présenterait le maire de Saint-Tite… Quant aux images projetées en arrière-plan, elles ne font que distraire l’oeil du spectateur plutôt que de servir le récit.
Demeure la musique de Michel Rivard, enveloppant country-folk aux doux accents celtiques solidement interprété par le brillant barde et sa bande (Rick Haworth, Mario Légaré et Cie), qui signe de fort jolies chansons, lesquelles traduisent parfaitement les états d’âme des filles de Caleb, déchirées entre la raison et la passion. Enfin, Catherine Sénart, Yves Soutière et Jean-François Poulin rehaussent par leur justesse le jeu d’ensemble, tour à tour emphatique, caricatural et figé.