Si elle a bâti sa réputation internationale sur les incroyables prouesses physiques combinées avec Édouard Lock pendant leur légendaire collaboration, Louise Lecavalier a fait bien du chemin depuis qu’elle a quitté La La La Human Steps. Avec Fou Glorieux, la compagnie qu’elle a fondée en 2006, elle a exploré de tout autres avenues, allant jusqu’au minimalisme ultrasensoriel de Benoît Lachambre. Guérie de ses blessures, le corps assoupli par des pratiques gestuelles plus diversifiées, elle a eu envie, en 2009, de replonger dans cette danse extrême en reprenant trois duos extraits de 2 (1995) et de Exaucé/Salt (1998) dans A Few Minutes of Lock.
"2 est une pièce que j’ai aimée dans son entièreté, que j’ai beaucoup dansée et dont le souvenir est resté très présent, commente la danseuse. Par contre, je ne me souvenais plus des deux autres duos, créés peu avant que je quitte la compagnie. Le style est un hybride entre ce que j’avais toujours dansé et la ballerine vers laquelle Édouard se tournait à ce moment-là. Ça m’a plu et intéressée chorégraphiquement."
Son instinct lui dit alors qu’elle peut redevenir cette bombe blonde dont les journaux ont tant parlé; sa raison la fait douter d’être capable de danser plus de cinq minutes. Finalement, avec l’appui précieux de la répétitrice France Bruyère, elle parviendra à reprendre un peu plus de 13 minutes qu’elle danse en continu sur la musique d’Iggy Pop, en duo avec Keir Knight, un autre ancien de La La La, et dans un bref trio avec Patrick Lamothe, son partenaire dans Children.
Créée par le Britannique Nigel Charnock, cette oeuvre théâtrale de 50 minutes met en scène un couple au bord de la rupture. Très exigeante physiquement, elle met les danseurs en valeur mais en a déçu plus d’un par sa simplicité chorégraphique. "Nigel a déjà fait des oeuvres hyper pointues avec le DV8, compagnie archi-importante qui n’était pas loin de faire la révolution; j’en ai fait moi aussi, mais il y a une force derrière ça, une humanité, un simple désir de danser et de communiquer avec les gens, et j’ai l’impression que Nigel a fait le choix d’aller là-dedans, note Lecavalier. Alors je sais que ce n’est pas la pièce chorégraphique du siècle, mais je suis capable de la défendre parce qu’elle a quelque chose d’autre qui compte aussi à mes yeux."
De fait, entre une trame sonore des plus séduisantes et un couple de danseurs des plus investis, on aurait tort de bouder notre plaisir.