André Lewis : Dans les yeux d’Alice
Le Royal Winnipeg Ballet promet d’épater la galerie avec sa plus récente création, Wonderland, que présente le Centre national des Arts à l’occasion du festival Scène des Prairies.
Danse caractérisée par la reproduction mécanique de mouvements méticuleusement élaborés, le ballet est souvent perçu comme une forme d’expression artistique archaïque. Avec Wonderland, le Royal Winnipeg Ballet (RWB) aspire à dépoussiérer le genre en faisant fi des normes qui le rendent austère. André Lewis, originaire de Gatineau et évoluant au sein de la compagnie depuis 35 ans, dont 15 au poste de directeur artistique, explique: "Notre mission consiste entre autres à repousser les barrières, à explorer de nouvelles avenues chorégraphiques."
Pour Wonderland, qu’André Lewis décrit comme "une création entière et inédite", le chorégraphe Shawn Hounsell s’est vu confier la tâche de concevoir un spectacle singulier. Dans l’optique de se libérer des conventions dictées par une esthétique de la Belle Époque et des clichés qui s’y rattachent, les artisans se sont donné le défi de refléter avec originalité le ton étrange et obscur de l’oeuvre de Lewis Carroll. D’abondantes projections à grande échelle contribuent à incarner sur scène le mythe d’Alice. "Il s’agit d’un ballet traditionnel en ce sens que l’on doit être danseur de ballet pour exécuter ses mouvements, techniquement très exigeants, mais Wonderland est résolument contemporain", remarque le directeur artistique. La musique électro-acoustique, signée John Estacio, Brian Current et Josef Strauss, valide un intense désir de submerger l’auditoire dans un univers énigmatique.
Dans le Wonderland du RWB, Alice est une adulte qui revisite son passé. Dans une démarche analogue à celle entreprise par le réalisateur Tim Burton dans sa récente interprétation du conte, Wonderland joue avec les codes de l’histoire originale afin de mettre en scène une protagoniste dont la sagesse ajoute une dimension particulière aux événements qu’elle a vécus au cours de sa jeunesse. "L’idée d’un personnage qui ressuscite son propre mythe propose un questionnement autour de la place du fantastique dans la société d’aujourd’hui. Il y a clairement un élément de nostalgie dans le spectacle", renchérit M. Lewis.