Dulcinée Langfelder : Département des complaintes
Après avoir séduit des spectateurs aux quatre coins de la planète, Dulcinée Langfelder revient sur sa terre d’adoption afin d’illuminer le public québécois.
Mettons cartes sur table: Dulcinée Langfelder est une artiste tout simplement inqualifiable. Dans un univers répondant aux diktats du formatage, Dulcinée est un pur tourbillon d’air frais. "Je travaille depuis plus de 25 ans sur un style de spectacle qui est très difficile à décrire. Ce n’est pas de la danse même s’il faut être danseur pour faire ce que je fais. Ce n’est pas du théâtre proprement dit, mais c’est très théâtral et il y a même un discours. Je ne suis pas humoriste, mais c’est très drôle. Ce n’est pas du cirque, mais c’est multidisciplinaire, assez spectaculaire et très visuel."
Bien que le statut d’artiste hors norme soit enviable, il reste qu’un tel choix artistique implique un certain prix à payer. Entre l’attrait de la nouveauté et la crainte de l’inconnu, le spectateur moyen penche trop souvent vers la deuxième option lorsqu’il est question de Dulcinée Langfelder. "Ce n’est pas facile de faire déplacer les gens dans les salles de spectacle. J’ai quasiment envie de dire aux gens que je garantis la satisfaction à l’égard de ce spectacle-là. Je racontais même à un directeur de théâtre que j’étais prête à dire aux gens que s’ils étaient déçus, je les rembourserais de ma poche. À cela, le directeur m’a répondu que ce n’était pas un grand risque car il n’y aurait personne qui réclamerait quoi que ce soit."
Nul n’est prophète dans son pays… d’adoption
Si le public québécois est parfois frileux en matière de spectacles multidisciplinaires, il en est tout autrement sur le reste de planète. D’ailleurs, la première de La complainte de Dulcinée a eu lieu à Tokyo et le spectacle a été acclamé en Europe comme en Amérique du Sud. "Le genre de spectacles multidisciplinaires à la québécoise est connu mondialement et très admiré. Grâce à des gens comme Robert Lepage, on a vraiment établi un style de spectacle visuel mais théâtral qui est typiquement québécois. C’est une des raisons pour lesquelles des artistes comme moi se produisent énormément à l’étranger, car c’est délicieux et même meilleur que le sirop d’érable."
Il faut savoir que ce n’est pas par chauvinisme que Dulcinée fait l’éloge de cette culture multidisciplinaire typiquement québécoise. En 1978, après avoir suivi les enseignements du maître en mime Étienne Decroux à Paris, Langfelder, qui est originaire de New York, venait au Québec afin de travailler avec la troupe Omnibus. La Belle Province l’aura alors séduite au point où elle y aura pris pays.
Dulcinée par Dulcinée
À l’image de sa conceptrice, La complainte de Dulcinée échappe totalement aux standards. Ici, oubliez les histoires classiques où un développement amène une introduction à sa conclusion. Le spectacle de Langfelder se situe au-delà du récit et, en plus d’émouvoir, risque fort bien d’illuminer des esprits. "Je m’appelle Dulcinée et je n’en connais pas beaucoup d’autres Dulcinée. Quand on a un prénom comme ça, tôt ou tard, il faut faire de quoi. La pièce est à propos de la grande Dulcinée de Don Quichotte et de la petite Dulcinée de Brooklyn. J’ai décidé de donner le droit de parole à cette Dulcinée qui est présente à chaque page de Don Quichotte mais qu’on ne voit jamais. Dans sa tentative de sauver le monde, Don Quichotte est d’abord motivé par cette Dulcinée et je veux montrer qu’elle existe et qu’elle est même en chacun de nous. Ce que je recherche quand je fais des spectacles, c’est de faire du bien aux gens et qu’ils sortent du théâtre tonifiés et un peu plus confiants en eux-mêmes. Je souhaite les encourager à affronter les difficultés de la vie. C’est le but de l’exercice et pour ce faire, il nous faut tous une Dulcinée, une raison d’être et une motivation."
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