Sébastien Dodge : La violence du monde
Scène

Sébastien Dodge : La violence du monde

Sébastien Dodge s’apprête à dévoiler La genèse de la rage, une "tragédie burlesque à haute teneur en hémoglobine", deuxième volet de sa Trilogie analogique.

Après Suprême Deluxe, une pièce futuriste, apocalyptique, sur les méfaits du capitalisme, le comédien, auteur et metteur en scène, mais aussi membre fondateur du Théâtre de la Pacotille Sébastien Dodge procède ces jours-ci à la création de La genèse de la rage, une nouvelle incursion du côté obscur de l’âme humaine. "Toute la trilogie tourne autour de la rage et de la haine, explique le jeune créateur. D’où ça vient? Comment c’est causé? Comment les gens la vivent? Cette fois, l’action se déroule dans les trente glorieuses (1945-1975). Le personnage central, Otho, un rejeton qui a été bien couvé par sa famille, va devoir sortir du nid pour affronter la violence du monde, sa bestialité, et trouver un sens à sa vie."

L’auteur avoue qu’il en profite pour régler quelques comptes avec la banlieue et ses tyrannies, creuser ce qu’il appelle le folklore municipal québécois. "La pièce entraîne dans un univers banlieusard, un peu campagnard. C’est en quelque sorte une charge contre l’abrutissement généralisé, le manque de curiosité, la standardisation des goûts, les gens qui sont prisonniers de la peur, ceux qui font blocus devant tout ce qui est un peu différent ou sensible, vont jusqu’à martyriser, torturer, insulter, invectiver… C’est de ce genre de comportements qu’Otto sera victime, parce qu’il est plus cultivé que la moyenne, parce qu’il remet les choses en question."

On peut donc dire que Sébastien Dodge pratique un théâtre à caractère social, qu’il donne dans la dénonciation, mais toujours en imprimant à l’ensemble une jouissive dérision, en tordant les évidences, en prenant un malin plaisir à forcer le trait ici et là. "Je raconte avant tout une histoire, explique-t-il, mais c’est certain que c’est important pour moi de passer un message politique, de dénoncer une espèce de droite religieuse. Pour créer une catharsis, mes outils sont ceux du burlesque, de la farce tragique, de quoi susciter un mélange de rire et de véritable malaise. Cette fois, on a décidé d’aller jusqu’au bout de ce qu’on peut faire dans le gore, d’oser la surenchère, le grand-guignol. Sans vendre le punch, je peux dire qu’il y aura une finale bien sanglante."

La genèse de la rage met en vedette Guillaume Cyr, Bénédicte Décary, Marie-Anne Dubé, Mathieu Gosselin, Renaud Lacelle-Bourdon, Fanny Rainville, Simon Rousseau et Dominic Théberge. Le dernier volet de La trilogie analogique de Sébastien Dodge sera créé en 2012. Intitulé La guerre, le spectacle nous entraînera dans la France de Louis XIV, "une époque où l’on voit se développer un archaïque complexe militaro-industriel, financé par la peur et l’extorsion de divers éléments de la société".