Attends-moi : Rapport à la mère
Scène

Attends-moi : Rapport à la mère

Attends-moi, le nouveau spectacle de la Manufacture, mis en scène par Marie Charlebois, souffre de plusieurs maladresses.

Il faut d’entrée de jeu préciser qu’il y a dans Attends-moi, une pièce de la Torontoise Kristen Thomson, ici traduite par Olivier Choinière, de sérieux problèmes de construction. Des failles dramaturgiques si évidentes qu’on se demande ce qui a bien pu inciter le directeur artistique de la Manufacture, Denis Bernard, à programmer le texte, mais surtout la comédienne Marie Charlebois à en signer la mise en scène, sa première au sein de la compagnie qui doit réintégrer une Licorne toute neuve l’automne prochain.

La situation initiale est réaliste. Dans une chambre d’hôpital, au chevet de leur mère inconsciente, bientôt mourante, un homme et une femme veillent, se confient tour à tour à l’auteure de leurs jours, profitent de son silence pour déballer leur mal de vivre. Une infirmière va et vient. Une jeune patiente fait des apparitions pour le moins mystérieuses. C’est ce dernier personnage qui pourrait nous mettre sur la piste du fantastique qui ne se déploiera véritablement que dans les dernières minutes du spectacle. Disons, au risque de vendre la mèche, qu’on apprend, trop tard, hélas, que les gens que l’on prenait pour des vivants depuis le début ne l’étaient pas tout à fait.

Entre la mère et le fils

Si l’imbrication des deux registres est à ce point malhabile, c’est d’abord pour des raisons dramaturgiques, celles qu’on évoquait plus haut, mais on ne peut pas dire que la mise en scène améliore la situation. La bonne idée de donner au spectateur le point de vue de la mère alitée s’avère mal exploitée. Les apparitions de la fantomatique visiteuse, ponctuées de lumières cosmiques, de respirations et de sons stridents, finissent par agacer. Plus grave encore, on ne croit pas à la relation entre la mère et le fils. On ne sent pas de réel attachement, pas plus que de rancoeur ou d’amertume, ni même d’amour inexprimé. C’est indéniablement là que le bât blesse.

Dans la peau du fils endeuillé, Normand Daneau n’est pas inadéquat. Il fait ce qu’il peut avec une langue somme toute assez banale et des confessions plutôt convenues sur l’engagement et la solitude. La partition de Marie-France Lambert, qui joue la soeur, est plus intéressante, elle présente plus d’aspérités, plus d’irrévérence, une douce folie qu’on savoure. À vrai dire, la comédienne nous offre les plus beaux moments du spectacle, les seuls qui valent le détour.