Luc Moquin : Gino, figure mythique
Scène

Luc Moquin : Gino, figure mythique

Au cours d’une rencontre bien arrosée, trois comédiennes prennent d’assaut la scène du cabaret La Basoche afin de dresser, dénué d’inhibitions, le portrait de leur Gino.

C’est un Gino conceptuel, voire abstrait que vous propose la compagnie Dérives Urbaines dans Gino… le dernier Morceau d’amour, dont la mise en scène est assurée par Magali Lemèle. Incarnation du chum à la fois macho et tendre, explosif et réservé, Gino s’avère un archétype gorgé de contradictions. Luc Moquin, auteur de la pièce, éclaircit le mythe: "Il s’agit d’un modèle protéiforme, qui brise les moules stéréotypés." Quelque part entre Adam et Apollon, Gino est une figure schizophrène tellement sont nombreuses les perspectives sur son identité.

Au fil du spectacle, les trois personnages, interprétés par Emmanuelle Lussier-Martinez, Catherine Rousseau et Maxine Turcotte, détaillent avec une précision chirurgicale ce qu’elles apprécient ou exècrent chez leur tendre moitié. Dans cet acharnement à définir l’objet, c’est plutôt le sujet qui est dévoilé aux spectateurs. "L’idée était de faire indirectement parler les femmes au sujet d’elles-mêmes. Gino devient un prétexte, un accessoire", constate l’auteur.

Créée lors de l’événement de théâtre annuel Morceaux d’amour, présenté à la Saint-Valentin, la pièce se veut un divertissement léger dont le souffle printanier cadre parfaitement avec le contexte de la présente reprise. Le spectacle, dont la forme emprunte aux codes du cabaret, s’apparente à un tour de scène. "Les différents personnages prennent la parole dans une suite de monologues semblables à des numéros de stand-up comique", observe celui qui, jusqu’en 2010, occupait également le poste d’auteur associé au Théâtre français du Centre national des Arts.

Moquin conçoit l’écriture de Gino comme un laboratoire lui ayant permis "d’aborder différentes situations et de jouer avec les styles", un geste qui s’inscrit en continuité avec la mission de Dérives Urbaines, qui voit dans la pièce en question la fin d’un cycle. Occasions d’exploration sans prétention, les éditions de Morceaux d’amour auront su trouver leur public, toujours fidèle aux rendez-vous lancés par la compagnie. Une véritable passion amoureuse dans le paysage théâtral de la région.

À voir si vous aimez /
Everything You Always Wanted to Know About Sex * But Were Afraid to Ask de Woody Allen, Sex and the City de Darren Star