Soledad Barrio et Martín Santangelo : Nuits torrides
Scène

Soledad Barrio et Martín Santangelo : Nuits torrides

La troupe Noche Flamenca se produira un soir à Montréal pour le 25e anniversaire des Productions Nuits d’Afrique. Entrevue avec la fougueuse danseuse Soledad Barrio et le chorégraphe Martín Santangelo.

"Me demander pourquoi je danse le flamenco, c’est comme me demander pourquoi je suis tombée amoureuse de quelqu’un: je n’ai pas choisi le flamenco, c’est lui qui m’a choisie; je le porte en moi depuis l’enfance", lance Soledad Barrio depuis Denver, l’une des nombreuses escales de la tournée nord-américaine de la troupe Noche Flamenca, qu’on verra pour la 11e fois à Montréal. Dignes héritiers de la tradition flamenca, la danseuse de 43 ans et son chorégraphe de mari, Martín Santangelo, en portent fièrement le flambeau sur notre continent où ils offrent moult spectacles et ateliers.

"Le flamenco est un acte de résistance, affirme Santangelo. À l’origine, c’était un chant et une musique de rebelles, et aujourd’hui, nous avons plein de raisons politiques de lutter, mais n’avons pas besoin d’aller plus loin que les individus pour en parler. Nous avons tous nos monstres. On se réprime soi-même sans arrêt et le combat des femmes est loin d’être fini. Les choses n’ont guère changé pour elles en Espagne, ni aux États-Unis d’ailleurs."

En ouverture de soirée, le trio Amanecer rend hommage aux jeunes intellectuels états-uniens de la Brigade Abraham Lincoln qui luttèrent contre le franquisme pendant la guerre civile espagnole. Vient ensuite un solo interprété par Eugenio Iglesias ou Salva De María, guitaristes qui y vont, dans l’ensemble du spectacle, de compositions originales pour accompagner les chants traditionnels arrangés par Manuel Gago, Emilio Florido et Miguel Rosendo.

Autre trio, qui salue la mémoire du chanteur décédé Antonio Vizarraga, Esta noche no es mi dia clôt le programme. Entre-temps, une histoire d’amour dure le temps d’un duo et trois solos permettent d’apprécier pleinement le talent des trois danseurs de la compagnie.

"Alejandro Granados improvise totalement une catiña, un type de chant très joyeux, et Juan Ogalla danse une farruca où il montre jusqu’où un homme peut aller physiquement et émotionnellement, indique Santangelo, qui agit simplement à titre d’oeil extérieur dans la création des solos. Quant à Soledad, elle danse une siguiriya sur le thème du destin auquel on ne peut échapper. C’est très intense, profond, tout à fait digne d’une tragédie grecque." Une nuit flamenca dans la pure tradition.

Le 16 mai
Au Palais Montcalm (Québec)