La femme du boulanger : Surprise, surprise
Avec La femme du boulanger, Pierre Antoine Lafon Simard signe l’un des spectacles communautaires les plus réussis des dernières années.
D’une production communautaire, on s’attend à plusieurs choses. À une distribution communément disparate, qui s’embourbe bien malgré elle dans les sables mouvants de la caricature, trahissant ainsi son inexpérience. À une mise en scène qui tente de camoufler, soit par des effets stylistiques vains ou une direction d’acteurs tolérante et généralement molle, les faiblesses des comédiens de même que les passages plus laborieux du texte.
Or, avec La femme du boulanger, classique du cinéma de Marcel Pagnol adapté au théâtre par ce dernier, l’équipe du Théâtre de l’Île, menée d’un esprit vif et par une direction juste de Pierre Antoine Lafon Simard, fracasse la majorité des idées préétablies concernant les productions dites "citoyennes". En plein contrôle de ses moyens, il a su tirer le maximum de sa troupe qui, oui, s’avère inégale, mais qui a notoirement le coeur à la bonne place, en façonnant un pétillant choeur avec sa dizaine de villageois, apportant ainsi rythme et sourires aux scènes de parvis d’église et de réunions badaudes. Du lot, on se doit de saluer le jeu nuancé de Jean-Pierre Beauquier. Avec sa prestation juste et sur le ton, il se révèle un M. Le Boulanger désarmant. Ce qui n’enlève rien aux personnages secondaires d’Yves Bergeras, rigolo en instituteur progressiste, d’André Saint-Onge, de Manon Lafrenière et de Charles Rose, qui offrent tous à leur façon de jolies propositions de jeu.
Au texte, on peut difficilement reprocher ses quelques échanges hommes-femmes surannés et certaines longueurs. On retiendra plutôt son second acte tout en agilité et ponctué de rires bien gras, deux atouts qui viendront séduire les spectateurs qui, une fois le rideau retombé, manifesteront par une interminable ovation debout.
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