Frédéric Dubois / Où tu vas quand tu dors en marchant… 2 : Plus grand que nature
Frédéric Dubois a réuni une nouvelle cohorte de concepteurs pour la création d’Où tu vas quand tu dors en marchant… 2. Même concept, autres lieux.
Au Carrefour 2009 et 2010, le public a été envoûté par un spectacle déambulatoire multidisciplinaire exceptionnel: Où tu vas quand tu dors en marchant…? En tout, quelque 60 000 noctambules ont vécu ce rêve éveillé au coeur d’une ville décalée vers sa quatrième dimension surréaliste. Frédéric Dubois, maître d’oeuvre de cet immense succès, répète à présent l’expérience dans de nouveaux sites.
Comme la première fois, il a demandé aux concepteurs de faire parler les lieux, leurs murs, leurs arbres, et ce, avec la participation de plus de 180 artistes et artisans. "Le spectacle met toujours en scène la ville, son côté obscur, indique-t-il. L’idée est encore de briser l’image proprette, touristique de Québec, de l’éclairer sous un autre jour, de montrer ses travers, ses aspects ludiques, de s’inspirer de ses recoins moins connus."
Cela dit, il remarque que le second parcours présente une couleur plus urbaine que son prédécesseur. "Il est labyrinthique, à travers les édifices de Saint-Roch. On se rapproche davantage du réel, on fait l’éloge des gestes, des objets du quotidien, on montre le résidant de Québec dans sa vie de tous les jours, mais toujours de manière théâtrale", observe-t-il, en notant la récurrence d’un certain voyeurisme.
Dans Jardin intérieur de Nancy Bernier (400 ans chrono) au jardin Saint-Roch, on entendra fleurir des pensées intimes. Au marché aux puces de la rue Fleurie, personnages et spectateurs se départiront d’objets liés à un souvenir personnel. Plus loin, les gens pourront "chatter" et discuter par téléphone avec des êtres isolés chacun dans leur univers, au creux de niches accrochées au mur du défunt cinéma Place Charest.
Rue Marguerite, le duo d’artistes visuels Cooke-Sasseville nous appâtera avec toutes sortes de trésors suspendus au-dessus de nos têtes à la manière d’hameçons au bout de lignes à pêche. Tandis que Marie Gignac et Alexandre Fecteau (Changing Room) nous convient à des projections de documentaires consacrés aux gens du quartier sur la rue du Pont.
Enfin, une trentaine d’adolescents donneront leur opinion sur le monde actuel à la piscine de la marina Saint-Roch. "Ils se livrent de manière hallucinante. C’est bouleversant!" commente Frédéric, l’un des concepteurs de cette station, où on assistera à une dizaine de scènes dont l’ordre sera déterminé par un iPod en mode shuffle.
À la lumière de ce survol, on voit que le recours aux nouvelles technologies caractérise aussi ce spectacle plus urbain, plus près du quotidien. "En même temps, on les utilise autrement, dans un sens poétique, qui n’est pas banal", précise-t-il.
Ne reste qu’à souhaiter à l’équipe de réitérer le tour de force du premier parcours. "Encore aujourd’hui, le monde me dit: "Quand je vais au parc Lucien-Borne, je vois des lits" ou "Quand je passe dans la rue des Commissaires, je vois des personnages le long du mur de l’hôpital"", raconte-t-il. Comme quoi les concepteurs ont vraiment réussi à influencer les perceptions en créant des images qui hanteront ces lieux encore longtemps.
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