Julie Lachance et Marie-Josée Gauthier : Guerre et paix
L’École nationale de cirque fait découvrir les 19 finissants de sa cuvée 2011 en présentant en alternance deux spectacles: Messa, mis en piste par Julie Lachance, et Pomme grenade, signé Marie-Josée Gauthier.
Fabienne Cabado
Photo : Roland Lorente
Rendez-vous incontournables des amateurs de cirque, les spectacles annuels de l’École nationale sont montés en un temps record de cinq semaines, résidence technique comprise. Ils ont beau présenter des numéros bien maîtrisés que les élèves travaillent depuis trois ans, trouver un fil rouge qui les relie et tisser un spectacle qui se tient est un défi que les metteurs en piste relèvent généralement avec brio. Cette année, Julie Lachance et Marie-Josée Gauthier, toutes deux conseillères artistiques à l’École, avaient bien préparé leur coup.
"J’ai creusé les thématiques de la guerre et de l’enfance, que j’avais abordées à l’occasion d’une semaine de création dans l’année, et j’ai travaillé sur la rencontre entre le clair et l’obscur", indique Gauthier. Dans Pomme grenade, elle met en scène un déserteur naviguant entre un sombre présent et des souvenirs d’enfance lumineux.
Autour du protagoniste spécialiste des cerceaux chinois évoluent un manipulateur, des personnages aériens, une inquiétante contorsionniste, des soldats qui sautent sur des trampolines et une planche coréenne plutôt que sur des mines, ou encore un jeune arabe équilibriste, incarnation du vent de révolutionnaire qui souffle en Afrique du Nord. "Le spectacle offre différents niveaux de lecture, commente Gauthier. Il a une dimension sociopolitique avec des clins d’oeil à monsieur Bush et à ses acolytes. J’ai voulu amener les élèves sur le terrain des actualités et ils m’ont agréablement suivie."
Célébrations
Julie Lachance, elle, est arrivée à la première répétition avec un cadre très structuré. Elle s’est employée par la suite "à mettre de la chair autour du squelette" en travaillant notamment la psychologie des personnages. "Messa est un rituel festif et éclaté où une espèce d’illuminé très peace and love [sur monocycle] célèbre la différence, précise-t-elle. On s’en va dans tous les styles de mouvements, de musiques, d’énergies et de personnages. On prend des risques aussi, comme cette artiste qui chante Hollywood Freak de Diane Dufresne sur son cerceau. C’est une chanson pas facile qui colle bien à son personnage d’hallucinée qui rêve d’aller à Vegas."
Hula hoop, roue Cyr, diabolo, corde lisse, sangles aériennes, mâts et cerceaux chinois sont aussi au programme de cette cérémonie où les spectateurs sont inclus dans la masse des initiés. Le risque? Renforcer son goût du cirque.