Lia Rodrigues : Aller vers l'autre
Scène

Lia Rodrigues : Aller vers l’autre

Autre retour attendu sur la scène du FTA, celui de la Brésilienne Lia Rodrigues qui traite, dans Pororoca, de l’inévitable choc de la rencontre dans les communautés multiculturelles.

"C’est une chance précieuse d’être réinvités au Canada car nous avons peu d’occasions de venir dans cette région du monde, l’obtention d’un visa pour les États-Unis étant très difficile pour des Brésiliens, lance Lia Rodrigues. C’est bon de pouvoir être en contact avec des publics autres qu’européens."

Se frotter à la différence, apprendre à connaître l’autre, nouer avec lui un dialogue créateur… Telle est la mission de cette chorégraphe brésilienne qui a fait ses classes en France et dont les oeuvres circulent bien dans les réseaux européens. Présentée au FTA en 2007, sa pièce Incarnat avait été inspirée par les problèmes vécus dans le gigantesque bidonville au coeur de Rio où elle a installé sa Companhia de danças. Puisant encore à même le réel, Pororoca traite de la cohabitation dans ce lieu où la vie grouille et se déploie de façon anarchique.

"En 2009, nous avons déménagé dans un autre quartier de la favela da Maré, raconte Rodrigues. On s’est alors demandé comment créer un lieu qui reflète toute la diversité humaine de la favela et comment établir un dialogue avec des gens si différents, qui n’ont aucun contact avec l’art et encore moins avec la danse contemporaine. On est partis d’improvisations sur le groupe, sur la rencontre et sur la promiscuité."

Une heure durant, les 11 danseurs de la compagnie illustrent par des corps à corps répétés la difficulté, face à la différence, d’affirmer sa propre identité tout en reconnaissant celle de l’autre. Agglutinés en un magma vibrant et bouillonnant, ils incarnent le flux chaotique de la vie dans la favela avec, pour toute bande sonore, le bruit de la vie qui bat et de l’humain qui se débat.

"J’ai beaucoup écouté Schönberg et Ligeti parce que leur façon de composer m’intéressait; j’ai essayé de coller de la musique sur des extraits vidéo, mais ça ne marchait pas, explique la chorégraphe. Alors j’ai décidé de ne pas en mettre. La musique est quand même très présente dans la pièce qui est construite sur une partition rythmique silencieuse."

Quant au choix de n’avoir rien d’autre que des corps sur scène, il est autant économique qu’esthétique. "Il faut que je puisse jouer dans des villes où il n’y a rien et où la pièce sera la même que dans un théâtre tout équipé, sinon je ne peux pas montrer mon travail dans mon pays." Pour nous, ce sera la version high-tech.

www.fta.qc.ca