Rick Miller / Lipsynch : Empreintes vocales
Scène

Rick Miller / Lipsynch : Empreintes vocales

Rick Miller joue, chante, imite, prête sa voix à de multiples personnages, parle plusieurs langues: un artiste tout désigné pour participer au spectacle Lipsynch.

Créé en 2007, joué dans 10 pays, Lipsynch, texte collectif mis en scène par Robert Lepage, résulte du travail de nombreux artistes, dont neuf interprètes d’origines différentes. La pièce présente, en neuf heures, neuf tableaux retraçant le parcours de neuf personnages dont les destins s’entrecroisent. Histoires individuelles, résonances universelles: toutes explorent la voix, la langue, la parole.

Parmi ces artistes, le Canadien Rick Miller. Après Zulu Time, La géométrie des miracles, Possible Worlds, avec Robert Lepage, il a participé, dès le début, à ce projet. "Comme je travaille avec la voix, avec les langues, et que la voix, souvent, mène ma carrière, Robert savait que ce serait intéressant pour moi de me lancer dans cette pièce avec des artistes d’un peu partout – Espagne, Allemagne, Angleterre, Québec…" explique-t-il.

Images de l’identité

De cette rencontre multiculturelle est née une saga qui court dans plusieurs pays, sur plusieurs générations. "Tout le monde a apporté son propre bagage, sa propre expérience. Dans chaque personnage se trouve un peu de chacun, même si c’est tissé avec beaucoup d’autres histoires. Robert sait très bien intégrer les histoires personnelles dans ses spectacles. Il aime beaucoup, aussi, faire un métissage des cultures. Avec Lipsynch, en travaillant, on n’avait pas de langage commun; même l’anglais, au départ, n’était pas parfaitement compris par tout le monde… C’était un défi, mais pour Robert, les obstacles, ça permet d’aller ailleurs. Il a confiance, et ceux qui ont déjà travaillé avec lui savent aussi que le travail va mener quelque part, même si, au départ, on ne sait pas où. C’est comme se lancer dans le vide; et on fait des découvertes vraiment intéressantes."

"Le sujet de la langue et de la communication, de l’identité, c’était vraiment le thème de la pièce. Et cette espèce de problème de communication entre nous s’est intégré au spectacle. On trouve partout cette difficulté à comprendre les autres: les personnes qui parlent d’autres langues, mais même les gens de notre famille. Il y a les problèmes de communication, et aussi les problèmes d’honnêteté. On cherche toujours à trouver la vérité: quel est notre cheminement, quelle est notre identité?" D’un tableau à l’autre surgissent la recherche du père, de la mère, l’importance des liens familiaux. Exploration de la voix, Lipsynch prend souvent, aussi, la forme d’une quête de soi.

La voix est au centre du travail de Rick Miller; de cette empreinte intime naît, pour lui, tout personnage, toute interprétation. "C’est une joie de me lancer dans un personnage. On cherche avec tous les outils qu’on a: le corps, la voix. Certains sont incapables de changer ou de moduler leur voix, mais pour moi, c’est vraiment la clé. Je trouve une voix, et ensuite, toutes les autres qualités arrivent. La voix, pour moi, est vraiment un outil pour colorer les personnages."

Échanges

Rick Miller est connu également pour les solos qu’il a créés, notamment avec Daniel Brooks: Bigger Than Jesus, présenté à Québec en 2007, MacHomer et Hardsell. "J’aime le défi de faire des shows solos "niaiseux" comme MacHomer (les Simpsons jouent Macbeth…) et là, de passer à Lipsynch. Je trouve ça très agréable."

"J’adore retomber en famille, comme ça. Jouer des solos, c’est l’fun, mais ça dure 75 ou 90 minutes: c’est comme un sprint. Lipsynch, c’est un marathon. Et c’est un marathon où on s’entraide, où on a des pauses. Parfois on fait de la figuration, on déplace des meubles; parfois on a des rencontres assez chargées, assez intenses. Pour nous, c’est comme une journée au travail. Mais ça fait trois ans qu’on fait cette pièce: on sait comment courir le marathon. On sait où réserver nos énergies, où vraiment donner, et où on peut rester un peu en arrière. J’adore ce côté-là: pouvoir se retirer et se perdre un petit peu dans cette grande machine qu’est Lipsynch."

"Ça devient une sorte de communion entre le public et les comédiens, parce que le public, en plus de regarder cette pièce-là, mange, échange. C’est vraiment une expérience. Et c’est une communion entre nous aussi: on partage des repas, on se parle. Et là, on ne s’est pas vus depuis l’année passée, tout le monde a sa vie, ses histoires à raconter. Chaque fois, on se redécouvre, et on se relance dans une autre famille. C’est une famille bizarre, de partout dans le monde: c’est une pièce très globale, en fait."

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