Cindy Van Acker : Voyage dans l’espace-temps
La Suissesse d’origine flamande Cindy Van Acker joue sur nos perceptions par un travail songé et minutieux sur le mouvement et par la fusion du corps, de la lumière et de la musique.
Pour sa première visite à Montréal, Cindy Van Acker débarque avec quatre solos (présentés en deux spectacles) qui détonnent dans la programmation du FTA. Ce qu’elle donne à goûter, c’est la nature même du mouvement. Elle la pénètre si profondément qu’elle en arrive à transcender la forme et à transporter le spectateur dans un voyage sensoriel où le temps s’attarde à s’en suspendre dans une méditation visuelle et sonore.
"La présence à la matière de notre corps et la relation qu’on établit avec la matière du sol ou de l’espace sont si intenses qu’on devient le mouvement d’une certaine façon, comme s’il dépassait le corps", explique celle qui est passée par le ballet classique avant de bifurquer vers la recherche conceptuelle et de fonder la Compagnie Greffe. Son objectif: dépasser la forme, en faire quelque chose d’organique.
"Je travaille sur ce que dégage la forme, précise-t-elle. Je pars d’une image mentale, j’en prends la tonalité poétique et je cherche ce qui peut lui correspondre dans le corps. Je construis le mouvement dans cette tonalité et je compose en faisant des allers-retours entre la tête et le corps." Par exemple, pour Obvie, l’idée était que le tracé du mouvement en transcende la forme. La fluidité est telle que le geste angulaire se déploie dans la courbe. La chorégraphe-interprète y creuse un concept abordé dans Lanx, où elle se concentre sur la cinétique des mouvements de bras.
"Je crée d’abord en silence parce que l’identité du mouvement se définit à travers son propre rythme, indique-t-elle. Je travaille l’attaque du mouvement, sa progression, le dessin du tracé… La musique vient après et se construit dans un dialogue avec le compositeur."
Depuis Nixe et Obtus, qui viennent clore cette étude de l’image en six solos, la lumière fait partie intégrante de la chorégraphie. "Tout le matériel corporel d’Obtus existait déjà, mais c’est quand on a trouvé la solution de la lumière que j’ai écrit la pièce, raconte Van Acker. J’avais l’image d’une ligne fluo au sol, mais je ne savais pas si elle allait créer un angle obtus ou autre chose. Finalement, une rampe de fluos part du fond de la salle, avance imperceptiblement et crée un jeu d’apparitions et de disparitions de la danseuse."
Des oeuvres minimalistes entre lenteur et accélérations à aborder en laissant toute attente au vestiaire.