Martin Genest : Vertigo
Joyau de la Vieille Capitale, le metteur en scène Martin Genest présente au Festival TransAmériques son adaptation théâtrale d’Octobre, le scénario du film de Pierre Falardeau.
Iris Gagnon-Paradis
Photo : Louise Leblanc
C’est le problème éthique plutôt que l’intérêt historique qui a poussé Martin Genest à créer Octobre 70, l’hiver dernier, avec le Théâtre Blanc. "Je ne sais pas jusqu’où j’irais, moi, pour défendre mes valeurs. Ces gars-là sont allés jusqu’à tuer quelqu’un par conviction politique, conviction humaine. Je ne dis pas que je suis d’accord avec ça! Mais, à petite ou grande échelle, c’est une question à laquelle on peut être confronté. Se tenir debout ou plier?" Une question qui fait partie de notre histoire, qu’on le veuille ou non. Cités en ouverture du film de Pierre Falardeau, les mots de Camus: "Nécessaire et inacceptable."
Traverser le mur
Genest aime jouer avec la convention du quatrième mur. Avec Festen, lui et le scénographe Jean Hazel amenaient le public directement à la table où étaient rassemblés les protagonistes. "Cela fait partie de ma recherche, placer le spectateur dans l’espace scénique; l’amener malgré lui à jouer un rôle." Le metteur en scène et le scénographe ont donc imaginé un espace qui est déstabilisant pour le public… et vertigineux!
Comme le spectacle s’intéresse à ce qui se passe de l’intérieur, alors que sont enfermés durant neuf jours d’attente interminable les quatre ravisseurs (Lucien Ratio, Éric Leblanc, Louis-Olivier Mauffette et Renaud Paradis) et Pierre Laporte (Vincent Champoux), le dispositif offre une vue inédite sur la situation, alors que les spectateurs sont disposés sur les trois étages qui entourent et surplombent la scène, où est représentée une maison amputée de son toit. Maison qui devient cage, huis clos de plus en plus insoutenable.
De là, Martin Genest utilise divers procédés – la simultanéité des scènes, qui embrouille la notion de temps, la projection, pour rapprocher l’acteur du public à certains moments-clés – "pour amener le spectateur, qui au départ sera plutôt dans une position critique, au-dessus de la situation, dans les états – la rage, le doute, la fatigue – par lesquels ces gars-là sont probablement passés".