Marie-Hélène Gosselin : Mettre dans des cases
Scène

Marie-Hélène Gosselin : Mettre dans des cases

La jeune compagnie Blitz D’axes, consacrée au théâtre d’images, propose avec Valises un premier spectacle ambitieux. Rencontre avec Marie-Hélène Gosselin.

Valises est la transposition à la scène d’une bande dessinée de Dominique Morin. Pour Marie-Hélène Gosselin et Xavier Malo, concepteurs et interprètes du spectacle, le défi consistait à recréer scéniquement l’expérience de lecture d’une bande dessinée, c’est-à-dire à donner l’illusion d’un univers en deux dimensions.

D’abord testé dans un laboratoire public en 2008, puis élu meilleure création à Vue sur la relève en 2009, Valises est le fruit d’un imposant travail de scénographie. Le décor est constitué de neuf cases coulissantes, derrière lesquelles les personnages évoluent dans un étroit couloir de jeu. "C’est ce qui symbolise une page de BD, explique Gosselin. Derrière nous, il y a un écran, ce qui donne l’illusion qu’on est en version aplatie. Il y a de la rétroprojection et de la projection frontale. L’univers est complété par des objets scéniques, le jeu, des éclairages ou de la vidéo."

Cette utilisation de la technologie pour raconter des histoires fait penser bien sûr à Ex Machina, mais aussi à Marie Brassard, qui les a guidés quand le projet était encore à la case départ. C’est aussi leur intérêt pour le théâtre corporel qui a amené Gosselin et Malo à fonder ensemble la compagnie Blitz D’axes (de l’allemand blitz: "éclair, action rapide et dynamique"), qui explore différents axes de création.

Objet de désir

Valises se divise en trois histoires parallèles, intemporelles, qu’on découvre de façon morcelée. Les personnages sont aux prises avec une obsession symbolisée par une valise: "La collectionneuse – accumuler", "Les coureurs – se dépasser" et "Le libraire – savoir". Dans chacune, l’allégorie d’un mal humain. "Le premier travail s’est fait avec l’auteur de la BD. On a pu faire un travail de dramaturgie de fond, d’autant plus important qu’il n’y a pas de texte (une seule phrase en tout et pour tout). Il faut que nos images soient claires pour que ça passe."

Pour la version définitive, allongée et améliorée, ils ont fait appel au metteur en scène Robert Drouin. "On avait besoin d’un oeil extérieur pour dire: "Telle image, ça marche bien. Telle autre image, par contre, il faut la retravailler."" Le résultat devrait plaire autant aux amateurs de théâtre qu’à ceux de BD ou d’arts visuels.