Comédiens de l’Anse : Un passé présent
Avec Ils étaient venus pour… de Marie Laberge, les Comédiens de l’Anse font revivre la courte histoire du village de Val-Jalbert, au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Bien qu’Ils étaient venus pour… soit l’une des toutes premières pièces écrites par Marie Laberge, elle a été très peu jouée au théâtre. La raison? L’importante distribution qu’elle nécessite. Car son sujet, la naissance et la chute du village de Val-Jalbert, lui, touche toujours.
"Ça parle d’une situation qui est encore d’actualité: la fermeture d’usines, les conflits interpersonnels", confirme le metteur en scène, Camil Bergeron, qui faisait partie de la première création en 1981. "On connaît tous des gens qui ont vécu à peu près les mêmes choses. On pense à Norsk Hydro à Bécancour qui a fermé ses portes, ou à Aleris à Cap-de-la-Madeleine. Il y a des gens qui pensaient faire leur vie là et qui, finalement, ont perdu leur fonds de pension, leurs rêves."
Dans Ils étaient venus pour…, on n’embrasse pas une, mais 43 destinées jouées par 22 comédiens des Comédiens de l’Anse, dont Élise Rivard, Étienne Bergeron et Michèle Leblanc. "Je ne veux pas trop en dire, mais il y a des ruptures, des pertes d’êtres chers. Il y a aussi du rêve. Au début du siècle, en cette période de crise économique où on souffrait de ne pas travailler, les gens qui avaient été choisis pour aller au village de Val-Jalbert espéraient beaucoup. C’était un village ultramoderne avec l’eau courante et l’électricité, de bons salaires et tout. Et c’est ça qu’on voit au début de la pièce: "Enfin, on va arrêter de gratter pour manger et trouver de quoi vêtir les enfants!""
La malheureuse suite de l’histoire est connue: 23 ans après la première pelletée de terre de la Compagnie de pulpe Ouiatchouan, entreprise à l’origine du village, la majorité des employés sont mis à pied en raison de déboires administratifs. Puis, quelques années plus tard, Val-Jalbert est définitivement abandonné.
Le texte de Laberge se veut-il uniquement un drame? "Il y a un peu de légèreté. Surtout au début. Les gens sont enthousiastes et prêts à tout faire pour rester là. C’est sûr que c’est l’histoire d’une fermeture d’usine qui engendre la fermeture d’un village. À la fin, ce n’est pas jojo. Mais il y a comme un message à la fin qui dit que, dans la vie, on croit souvent que tout nous appartient, mais qu’il faut faire attention. Il ne faut pas se laisser berner", conclut Camil Bergeron en rappelant le petit côté patriotique de l’oeuvre.
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Marie Laberge, les récits d’époque, les importantes distributions