Lise Dion : À l'écoute de ses tripes
Scène

Lise Dion : À l’écoute de ses tripes

Avec Le temps qui court, Lise Dion ferme le coffre bleu et ouvre les valves du rire collectif.

La grande coupable, c’est la littérature.

Pour justifier ses six ans d’absence des scènes du Québec, Lise Dion n’évoque pas son animation radiophonique ou ses mises en scène (Les Grandes Gueules, Marie Élaine Thibert), mais un essentiel détour par l’écriture de l’histoire de sa mère. Lise Dion romancière? Heureuse du succès de son livre Le secret du coffre bleu – un projet de film est dans l’air -, elle n’en fait pas tout un plat. "T’achètes pas un livre de Lise Dion pour trouver des mots qui te font gagner au Scrabble!" Pas de doute: sa profession, c’est humoriste.

Si l’écriture du roman ne fut pas un long fleuve tranquille, qu’en a-t-il été de celle de son nouveau one woman show, Le temps qui court? "L’écriture d’un spectacle, c’est aussi ardu, mais en humour, j’ai mes outils. En novembre dernier, je n’avais rien de fait, et au début janvier, je donnais une heure de spectacle. Dans le temps des Fêtes, disons qu’il y avait un peu de boucane après le crayon!" Après six ans, la grande dame de l’humour au Québec avait des choses à raconter. "Quand t’as des idées géniales, tes tripes te disent de rembarquer sur une scène!"

"La scène, c’est de la formule 1, poursuit-elle. De voir une foule en mouvement qui rit, ça n’a pas de prix. Tu lances ton gag, et il y a cette mer de gens qui part par en arrière en riant. Je t’en parle et j’ai le frisson… C’est plus fort que la drogue, plus fort que la police."

LISE "WARD" DION

Pas de nostalgie dans Le temps qui court. "C’est un regard sur l’avenir, sur ce qui va se passer, comment on va vieillir, la vie après la mort, notre peur de la maladie… Il y a un sketch où je fais Lise Dion à 92 ans qui ne pensait pas se rendre jusque-là et qui n’a pas assez d’argent pour vivre ben ben longtemps encore…"

En 2011, alors que ses ados sont devenus grands et que la retraite approche à grands pas, est-ce que Lise Dion se la joue confortable? Pas tout à fait… "Le spectacle verse dans l’humour que les gens sont habitués de m’entendre faire, mais c’est plus à la Mike Ward… un peu "wardien"! [Rires.] Il n’y a pas de blasphèmes, mais un dialogue un peu plus crunchy!"

Il faut savoir que Lise Dion s’est entourée d’une équipe de gars pour la conception de ce nouveau-né, à commencer par Michel Courtemanche à la mise en scène. "Il faisait aussi partie des brainstorms. J’en ai aussi eu avec Les Grandes Gueules. François Massicotte écrit pour moi, ainsi que Jean-Christian Thibodeau et Julien Pelletier. Des fois, à la fin des meetings, c’est assez vulgaire, merci! Mais j’aime ça. Ça me fait rire. Je me suis permis quelques phrases du genre."

Dans le fond, Lise Dion a toujours été "one of the boys". "Hier, je participais à un spectacle d’humour et j’étais la seule fille. Encore. Dans la loge, je me disais: "Je ne peux pas croire qu’après 24 ans de métier, je sois encore toute seule dans un show de gars!"" N’y a-t-il pas quelques prometteuses recrues (Korine Côté, Kim Lizotte…)? "Moi, je trouve qu’il n’y en a pas encore assez."

Chose certaine: il n’y a qu’une seule Lise Dion.

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