Le petit Roy : Souvenirs de Sing Sing
Dans Le petit Roy, Benoît L’Herbier, Robert Marien et Serge Postigo proposent un vibrant musical composé des plus belles chansons du grand Ferland.
Un an et des poussières après le décevant Blues d’la métropole, où l’on peinait à construire un récit en enchaînant les chansons de Beau Dommage, les craintes de voir à son tour l’oeuvre de Jean-Pierre Ferland faire l’objet d’une telle entreprise étaient des plus justifiées. Or, que les fans se rassurent, les librettistes Benoît L’Herbier et Robert Marien ont su extirper de plus d’une trentaine de chansons de Ferland un potentiel dramatique susceptible de conquérir autant le fin connaisseur que le néophyte.
Ainsi, les noms évoqués par Ferland au cours de sa carrière s’incarnent dans une tragique histoire d’amour, non dénuée d’humour (Swignez votre compagnie, Envoye à maison), celle de Jean-Philippe dit le petit Roy (Serge Postigo) et de sa Simone (Geneviève Jodoin), la plus sulfureuse des Fleurs de macadam, pour qui il écopera de 20 ans de prison après avoir poignardé son souteneur, Frank Bérubé (Stéphan Côté).
Alternant habilement entre passé et présent, entre le Café des artistes et Sing Sing, la mise en scène fluide de Postigo met en valeur le talent vocal des interprètes sans pour autant que le tout se transforme en un simple tour de chant comme l’était la comédie musicale Les filles de Caleb.
De fait, tandis que L’Herbier et Marien jumellent joliment des chansons de Ferland, lesquelles se répondent ou se font écho, ce qui permet agréablement de les redécouvrir, Postigo utilise au maximum le décor évocateur et minimaliste de Patricia Ruel.
Bien que dès les premières notes le spectateur soit happé par le récit en flash-back du prisonnier romantique, le premier acte aurait eu avantage à être resserré. Toutefois, à mesure que le deuxième acte se déroule, la tension dramatique se fait de plus en plus palpable, et ce, jusqu’au rideau alors que l’émotion est à son comble.
Incarnant avec aplomb le personnage central, Serge Postigo trouve en Geneviève Jodoin une éblouissante partenaire qui s’impose dès son apparition alors qu’elle attaque Androgyne, pour donner le coup de grâce plus tard avec Un peu plus loin. Enfin, au coeur d’une distribution solide, incluant Luc Proulx et Frédéric Blanchette, s’imposent le tonitruant Normand Lévesque en Gerry Fontaine, l’artiste déchu, et l’attendrissant Renaud Paradis en timide Ti-Noir.
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L’opéra de quat’sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill, Sweeney Todd: The Demon Barber of Fleet Street de Stephen Sondheim et Hugh Wheeler, West Side Story de Leonard Bernstein et Arthur Laurents