Lise Dion : Généreux retour
Avec Le temps qui court, Lise Dion enfile ses pantoufles d’"humoriste chouchou des Québécois" et livre habilement la marchandise.
Pas de diète pour Lise Dion. Avec l’autodérision au coeur de son nouveau spectacle, l’humoriste ne risque pas de vouloir perdre son "poids santé"; pour elle, le Défi 5-30 comportait 5 minutes d’exercice pour 30 portions de fruits et légumes…
En première partie, elle donne de ses nouvelles, car six ans d’absence, c’est long. Rapidement, on constate que la "maman ours en ménopause" a principalement puisé son inspiration dans les aléas du vieillissement au féminin: perte de libido, chirurgie plastique, son Marcel qui tente de la quitter pour une plus jeune, ses ados qui partent (enfin) de la maison… Une vision très naïve de la mort vient pimenter ce qui se révèle un spectacle généreux, mordant, capable de faire rire toutes les générations, et pas juste les "madames".
Si les sujets ne surprennent guère (en deuxième partie, elle raconte un séjour bien arrosé dans un tout inclus, ainsi que sa relation amour-haine avec les "téléphones intelligents"), c’est le légendaire aplomb scénique de Lise Dion qui fait du Temps qui court une réussite. Il y a du Yvon Deschamps dans sa manière de moduler sa voix et de "puncher" nonchalamment. Et pour ce troisième one woman show en carrière, la cinquantenaire se permet un soupçon de grivoiseries… Un peu de Tabasco n’a jamais pu gâcher une bonne sauce!
Juste avant l’entracte, elle chante joliment quelques parodies de chansons pop québécoises (dignes des meilleurs Bye Bye) qu’on aurait davantage appréciées en guise de rappel, mais le seul véritable bémol sur ce spectacle concerne le retour du personnage de la femme afghane et de la burka. À l’époque, ça pouvait être audacieux, mais en 2011, on assigne un carton jaune pour le cliché.