Noémie Gervais et Vague de cirque / Cabotinage : Spectacle de proximité
Scène

Noémie Gervais et Vague de cirque / Cabotinage : Spectacle de proximité

Noémie Gervais et la bande de Vague de cirque des Îles-de-la-Madeleine débarquent à L’Anglicane pour présenter Cabotinage. Performance et humour en toute intimité.

Avant de créer Vague de cirque en 2009, les acrobates Noémie Gervais et Alain Boudreau, partenaires dans la vie comme à la scène, ont travaillé pendant une douzaine d’années un peu partout à travers le monde. Ces spécialistes du mains à mains ont performé dans d’importantes compagnies comme le Cirque du Soleil et le Cirque Éloize (dont Alain est un des fondateurs), dans des troupes traditionnelles ainsi que dans des cabarets en Allemagne et en France.

"On revenait d’une tournée particulièrement éprouvante et on s’est dit: "Pourquoi on ne joue jamais chez nous?" Les artistes du cirque québécois sont réputés, mais se produisent rarement ici. On est complètement expatriés, observe la jeune femme. Ç’a été un coup de tête. On a acheté un chapiteau de 200 places et on s’est dit: "On le fait."" Depuis, ils ont pignon sur plage aux Îles-de-la-Madeleine, où ils reprennent une formule qui leur avait beaucoup plu au cours de leurs pérégrinations: celle du cirque-cabaret.

Collés, collés

Bien sûr, cette folle aventure n’est pas allée sans poser des défis de taille, notamment sur le plan de la logistique. "Mais la réponse est au-delà de nos espérances, poursuit-elle, pétillante et sympathique. Les gens sont surpris de voir des acrobaties aussi impressionnantes et aussi proches. Les doubles saltos sont à côté de ton nez. Tu peux presque sentir la transpiration des artistes."

Voilà qui contraste avec l’idée qu’on se fait du cirque au Québec, où la tendance est plutôt aux spectacles multimédias à grand déploiement. "C’est bien qu’il y ait des concepts de plus en plus gros. Mais il est aussi plaisant d’adopter une approche plus humaine, de permettre aux spectateurs de voir la concentration des artistes, les muscles qui forcent dans une position plus difficile. Le public est vraiment impliqué et, à ce moment-là, le risque est plus facile à évaluer."

En misant sur la proximité et en mettant les artifices de côté, ils amènent donc un vent de fraîcheur dans le milieu. "Ça ne veut pas dire que la technique est moins forte, prévient-elle. Notre casting est composé d’acrobates de calibre international qui ont travaillé au Cirque du Soleil, aux 7 doigts de la main, au Cirque Éloize. Ils sont tous venus pour vivre l’expérience de performer dans un petit espace, où tu peux faire un clin d’oeil à un spectateur et jouer tout en finesse.

Entre amis

Quant au spectacle en tant que tel, il est né de leur volonté de travailler avec des artistes qu’ils ont rencontrés au cours de leurs voyages, des pairs qu’ils admirent, des amis. Notamment, la metteure en scène Christine Rossignol, qui a mis sa vision au service de Cabotinage. "Elle se sert beaucoup du naturel des gens, explique l’acrobate. Elle fait ressortir les qualités, mais aussi les côtés plus drôles ou naïfs de chacun."

Dans cette optique, la création s’est d’abord appuyée sur des improvisations. "Il en est ressorti que les huit gars et deux filles de notre équipe ont toujours envie de se faire des gags, des boutades. Christine a essayé de mettre ça en valeur. Souvent, les 10 personnes sont sur scène; il y a beaucoup de contrepoints, de relations, de deuxièmes focalisations, d’entrées à des moments inattendus."

On assiste donc à d’impressionnants numéros de patinage à roulettes acrobatique, de planche sautoir, de cerceaux, de diverses disciplines aériennes, de mains à mains, etc., toujours doublés d’une certaine maladresse contrastant avec le talent et la précision des mouvements. "L’humour réside beaucoup dans les décalages, note-t-elle. Cabotinage, c’est quand même deux heures de déconnage."

Avec et sans prétention

L’artiste rappelle d’ailleurs que cabotiner signifie "prétendre à". On aura ainsi affaire à des patineurs à roulettes feignant d’être des danseurs de salsa, à des magiciens déguisés en César et Cléopâtre, à des manipulateurs de cerceaux se faisant passer pour une troupe de danseurs arabes… "Ça détonne encore plus parce que l’acrobatie est vraiment impressionnante. Il y a beaucoup d’imprévus mis en scène…"

Enfin, ce spectacle de haute voltige drôle et intimiste trouve dans L’Anglicane un cadre tout désigné, avec son plafond cathédrale ainsi que son ambiance chaleureuse et décontractée. "Pour être encore plus près des gens, on a ajouté une lanière de scène qui va traverser le public. On veut vraiment que ce soit un échange, que le courant passe", conclut-elle en précisant que, malgré son humour décapant, Cabotinage s’adresse à toute la famille.