Clotaire Rapaille, l’opéra rock : Clotaire Rapaille Superstar
Après le Jamais lu, le Festival Off de Québec et le Zoofest, Clotaire Rapaille, l’opéra rock est repris le 12 août, preuve que d’une farce peut naître une ambitieuse aventure.
Quand Guillaume Tremblay, Olivier Morin et Navet Confit déliraient sur l’épisode farfelu et digne des meilleurs soaps de la venue du spécialiste en marketing Clotaire Rapaille à Québec, ils ne se doutaient pas que leurs idées feraient mouche et réuniraient une douzaine de comédiens-chanteurs sur scène. "Ce n’est pas tant pour se moquer de lui que pour utiliser la fable de celui qui a été accueilli en sauveur et chassé comme un paria qu’on a eu envie de faire le show", lance Olivier Morin, coscénariste du spectacle avec Guillaume Tremblay. "Il est comme le devin d’Astérix: acclamé puis chassé à coups de fourche une fois le mensonge découvert", ajoute le compositeur musical Navet Confit.
Rappelons les faits. En 2010, Labeaume fait venir le spécialiste en marketing Clotaire Rapaille pour redorer l’image publique de Québec. À la suite de la découverte de fausses informations dans son C.V., le conseiller est renvoyé, ce qui provoque un scandale. "Rapaille est un prétexte pour parler du Québec, de notre relation sado-maso avec les Anglais et du complexe d’infériorité latent de Québec par rapport à Montréal", explique Olivier Morin. Pour ce spectacle, on est projeté en 2045. Le Québec est indépendant et les grandes provinces (Sherbrooke, Granby et Trois-Rivières) sont en quête d’identité. Pour se faire une image de marque, elles consultent Rapaille.
Le psychanalyste et poète de la relation est converti en sex-symbol dans cette fable ironique et subversive qui aborde aussi des questions sérieuses, parce que derrière toute bonne blague se cache souvent une vérité. "Quand on l’a joué à Québec, on avait peur de la réaction des gens, mais je pense que ça leur a fait du bien. C’est une sorte d’exutoire qui provoque un rire nerveux. On chatouille des zones sensibles", expliquent Olivier Morin et le comédien Martin Plouffe. Une thérapie publique sous forme d’épopée rock satirique? "Un drame épique et visionnaire", répondent-ils en choeur. "Le parcours de Rapaille est très biblique, comme Jesus Christ Superstar!" raconte Olivier Morin.
Conçu avec peu de moyens, le spectacle tire profit de sa malléabilité. "Guillaume Tremblay compare notre démarche à celle de Brecht, avec le choeur de paysans, beaucoup de scènes et de lieux suggérés. Ça nous permet de jouer partout comme un groupe rock!" explique Navet Confit. Le projet a gagné en absurdité depuis sa naissance. Préparez-vous à rire et à vous faire gratter le bobo!